La Société de transport de Montréal (STM) a peut-être « sauvé les meubles » en préservant le service dans le métro et de ses autobus, mais elle appréhende maintenant de se retrouver « face à un mur » dès l’an prochain en matière de financement.

« En gros, cette année pour maintenir l’offre, on vend la coutellerie pour payer les bills. Ceci étant dit, on se retrouve vraiment face à un mur pour l’an prochain », a lâché le président de la STM, Éric Alan Caldwell, devant la Commission sur les finances de la Ville de Montréal vendredi.

Il réagissait ainsi au cadre budgétaire de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) diffusé jeudi, qui confirmait que les coupes appréhendées dans le métro et les bus du Grand Montréal n’auraient pas lieu à court terme. Pour y arriver, l’organisme devra toutefois renoncer à une somme de 165 millions qui était prévue pour développer et maintenir les actifs dans la région, dont une bonne partie devait aller au métro.

Pour équilibrer son cadre budgétaire, l’ARTM demande aux sociétés de transport de réduire leurs dépenses de 15,6 millions en moyenne. Au total, la réduction des dépenses des sociétés atteindra 80 millions en 2024.

« L’ARTM a réussi à sauver les meubles […], mais il y a un prix qu’il a fallu payer pour en arriver là », a réagi M. Caldwell, selon qui une baisse de service aurait envoyé un « message désastreux » aux usagers.

M. Caldwell n’a pas caché sa déception à l’effet qu’aucun investissement ne sera fait dans le développement en 2024, comme l’a fait la mairesse Valérie Plante jeudi. « Ce 165 millions-là, il ne sera plus là l’an prochain et l’année d’après. Il disparaît, alors que ce sont des fonds qu’on met normalement aux opérations. »

« On refile essentiellement la facture aux villes. Il faut sérieusement mettre en place des nouvelles sources de financement structurant », a encore martelé M. Caldwell, qui n’a pas manqué de dénoncer que les consultations menées par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, n’ont pas permis de dégager des pistes de solutions à cet égard.

Une incertitude qui n’aide pas

Selon le patron de la STM, les défis sont immenses pour changer de modèle financier. « On est loin d’avoir tous les revenus qu’il nous faut. […] Tant qu’il n’y aura pas un changement majeur dans l’équation, on fera face au même problème », a-t-il illustré, en saluant néanmoins la majoration de la taxe sur l’immatriculation au Grand Montréal, qui rapportera près de 122 millions au transport collectif en 2024.

Ultimement, « si on veut plus d’achalandage, il faut de l’offre de services et si on veut de l’offre de services, ça prend un engagement de l’État, sinon on n’y arrivera pas », a encore insisté Éric Alan Caldwell.

Le maire d’Outremont et commissaire, Laurent Desbois, a quant à lui fait valoir que « la certitude d’avoir une offre peut aussi influencer la demande ». « Il y a peut-être des voitures qui s’achètent en ce moment parce qu’on n’est pas certain de l’offre », a illustré l’élu de l’opposition.

À court terme, l’aide gouvernementale l’an prochain en transport collectif sera de 265 millions, dont 238 millions pour le Grand Montréal et 218 millions à l’ARTM.

D’autres négociations doivent toutefois avoir lieu pour 2025 et ainsi de suite, la ministre Guilbault voulant toujours mettre sur pied un plan de financement récurrent sur cinq ans. Son cabinet s’est d’ailleurs dit prêt à « optimiser les investissements pour offrir aux Québécois de meilleurs services de transport collectif ».