Toit et anneau technique Un chantier d’au moins 750 millions au Stade olympique

Le remplacement du toit et de l’anneau technique du Stade olympique coûterait au moins 750 millions de dollars, a appris La Presse, alors que l’enceinte vient d’être fermée et des évènements, annulés.

Le Parc olympique jure que cette décision inopinée n’est pas liée à des enjeux de sécurité, mais plutôt à la réalisation de travaux exploratoires en vue du titanesque chantier, qui prévoit notamment le remplacement de la « clé de voûte » du squelette de béton.

Selon nos informations, l’organisme public termine ces jours-ci de négocier avec le consortium retenu pour effectuer le projet, mené par Pomerleau et Groupe Canam.

Les positions actuelles des parties oscilleraient entre 750 millions et près de 1 milliard de dollars.

Les termes du contrat discuté prévoiraient un partage des risques de dépassement de coût entre le Parc olympique et le consortium. Ce type de contrat public est rare au Québec, mais gagne en popularité en Ontario.

« Je n’ai aucun, aucun commentaire, a affirmé Michel Labrecque, grand patron du Parc olympique. Ça fait dix ans que je suis au Parc olympique, huit ans sur ce dossier. Je n’ai jamais commenté aucun montant, aucun prix. Ça appartient vraiment au gouvernement, s’il approuve le dossier d’affaires. »

Le consortium n’a pas non plus voulu commenter nos informations, pas plus que la ministre responsable, Caroline Proulx.

Fermeture récemment décidée

Avant de finaliser sa proposition finale, le consortium Pomerleau-Canam veut toutefois connaître l’état actuel de la structure, d’où les travaux exploratoires qui forcent la fermeture du cœur du Stade.

Celle-ci s’est décidée dans les toutes dernières semaines, a reconnu Michel Labrecque, qui assure qu’elle n’était toutefois « pas du tout » improvisée. Elle empêchera toutefois la tenue de plusieurs évènements prévus de longue date.

« Les travaux exploratoires qui seront réalisés incluent notamment des analyses de conception, d’ingénierie et d’architecture, des relevés, des carottages, des inspections, de même que l’entretien préventif du système de drainage de l’enceinte », a indiqué le Parc olympique par communiqué.

M. Labrecque a ajouté que si le gouvernement refuse d’aller de l’avant avec le remplacement du toit et de l’anneau technique, des démarches seraient entreprises pour rouvrir l’aire de jeu. En cas de réponse positive, le Parc olympique compte maintenir la fermeture et commencer rapidement les travaux.

« Nous sommes conscients des répercussions de cette décision, mais nous avons la responsabilité de poser les gestes requis auprès de nos partenaires, dont le CF Montréal, pour minimiser les conséquences de l’inaccessibilité temporaire du Stade, a indiqué M. Labrecque par communiqué. Nous travaillons étroitement avec les promoteurs concernés afin de les accompagner dans la recherche d’alternatives. »

Des congrès et des matchs déplacés

Le match d’ouverture du CF Montréal, prévu en avril prochain au Stade olympique, aura plutôt lieu au stade Saputo, a annoncé le club. Les entraînements prévus pendant l’hiver sont aussi annulés.

« Le CF Montréal a été informé par le Parc olympique que celui-ci doit amorcer des travaux, a indiqué l’équipe sur les réseaux sociaux. L’aire de jeu sera donc inutilisable pour le Club pendant la durée des travaux. » Fin novembre, l’équipe vendait pourtant encore des billets en indiquant que le match se tiendrait au Stade.

Les organisateurs du Salon de l’auto électrique et d’autres grands évènements prévus au printemps prochain devraient aussi se trouver un nouvel emplacement.

« La ministre du Tourisme Caroline Proulx a demandé au Parc olympique de déposer un dossier d’affaires pour le remplacement de la toiture du Stade olympique, a indiqué son cabinet, mardi après-midi. Les travaux en cours font partie des étapes nécessaires à l’élaboration de ce dossier. Les démarches entreprises par le Parc olympique pour revoir son calendrier des évènements ne présument en rien de la décision du gouvernement du Québec dans le dossier du remplacement de la toiture du stade. Vous serez avisés de la suite des choses en temps et lieu. »

Anneau technique

La saga du toit du Stade olympique a pris une nouvelle ampleur l’été dernier, lorsque le Parc olympique a laissé savoir, sans tambour ni trompette, que le projet incluait dorénavant le remplacement de l’anneau technique. Cet immense tube de béton, situé au sommet de la structure de béton, constitue la clé de voûte du monument.

« Il est impératif pour le remplacement de la toiture d’également changer l’anneau technique. C’est une demande de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), avait affirmé la ministre Caroline Proulx en entrevue téléphonique. Les normes de la RBQ ont changé, le calcul des charges portantes a changé. »

« C’est une obligation qui nous a été faite par la Régie du bâtiment du Québec », avait-elle ajouté.

Les problèmes du toit du Stade font la manchette depuis plus de 30 ans.

La première toile, rétractable et installée en 1987, s’est déchirée l’année ayant suivi son installation. Elle a dû être retirée 10 ans plus tard.

La deuxième toile a été installée en 1998 et s’est elle aussi déchirée l’année ayant suivi son installation, ce qui a entraîné une chute de neige dans le Stade.

C’est ce toit qui couvre le Stade depuis, mais plus de 12 000 réparations ont dû être effectuées au cours des années.

Depuis 2002, le propriétaire du Stade cherche plus ou moins activement à faire construire un troisième toit. En 2017, le gouvernement de Philippe Couillard avait annoncé un nouveau toit pour 2023, ce qui représentait une facture de 250 millions.

En 2020, seul le consortium formé de Pomerleau et de Canam avait démontré un intérêt pour la conception du prochain toit du Stade, alors que le Parc olympique espérait attirer au moins trois équipes concurrentes. À l’époque, l’organisation évoquait une inauguration du toit en 2024. Aucune nouvelle date n’a été évoquée depuis.