Montréal a terminé 2023 avec près de 100 policiers de plus qu’en début d’année, un sommet récent en matière d’embauche, a annoncé mardi le directeur, Fady Dagher.

Le chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) faisait le bilan de sa première année aux commandes de l’organisation.

M. Dagher a indiqué que le SPVM avait effectué 362 embauches au cours de l’année dernière. Avec les départs, le corps policier a augmenté au net de 91 policiers. « On a atteint nos cibles, on a même dépassé nos objectifs », a indiqué le corps de police.

La pénurie de policiers coûte cher au SPVM, qui a dépensé 82 millions en heures supplémentaires l’an dernier. M. Dagher a déjà annoncé qu’il dépasserait le budget réservé à cette fin en 2024, puisque le nombre de postes vacants demeurera trop élevé.

Le nombre d’évènements armés a suivi une courbe inverse dans les derniers mois, a indiqué la police. Le SPVM a dénombré une baisse de 26 % du nombre d’évènements liés à des armes à feu dans la métropole.

« C’est majeur », s’est félicitée la mairesse Valérie Plante, qui participait à la conférence de presse. « On n’a pas connu l’été chaud qu’on appréhendait, c’est une bonne nouvelle. Ça montre que les efforts fonctionnent. Évidemment, il ne faut pas baisser les bras, je voyais encore hier des coups de feu dans Montréal-Nord. On ne dit pas que tout est réglé, mais c’est encourageant », a-t-elle dit.

« Il peut survenir encore des évènements, il ne faut pas s’asseoir sur nos lauriers, a ajouté Marc Charbonneau, chef de la Direction des services spécialisés. Mais je pense que les stratégies qui ont été mises en place […] portent vraiment leurs fruits. »

La police a saisi 774 armes à feu au cours de l’année et procédé à l’arrestation de plus de 300 personnes en lien avec ce type de criminalité.

Baisse de tension

Si la violence armée a diminué, la fin de l’année 2023 a toutefois été extrêmement tendue dans la foulée de l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier, et de l’intervention militaire dans la bande de Gaza qui a suivi.

M. Dagher a affirmé que ses enquêteurs continuaient à chercher le ou les criminels responsables des attaques au cocktail Molotov et à l’arme à feu perpétrées contre des lieux de rassemblement juifs, en novembre.

« L’enquête est ouverte. On a des éléments de preuve qu’on doit faire évaluer, a-t-il ajouté. On attend toujours des résultats des laboratoires. Est-ce qu’on va avoir des conclusions tout prochainement ? Je ne pourrais pas vous le dire. »

Trois mois après cette série d’attaques, le SPVM constate toutefois une baisse du niveau de tension. « C’est un peu plus calme que quand ça a commencé », a indiqué Vincent Richer, de l’état-major du SPVM, en marge d’une conférence de presse. Depuis le début de l’année 2024, « le nombre de crimes haineux a baissé ». « On est de retour à la normale, pour le moment. Nous devons demeurer vigilants, bien sûr ».

Le chef de police Fady Dagher a fait valoir que l’opération de protection des lieux de rassemblement juifs et musulmans n’était plus aussi intense qu’au paroxysme de la crise, mais que les policiers continuaient d’être présents aux moments « stratégiques ».

Les caméras portatives, « il faut que ça débloque »

Par ailleurs, Valérie Plante a appelé mardi le gouvernement du Québec à « débloquer » le dossier des caméras portatives pour les policiers, alors que le projet d’implantation accuse plusieurs années de retard.

La mairesse de Montréal avait été réélue en 2021 en promettant que les agents du SPVM en seraient équipés dès l’année suivante. Trois ans plus tard, le dossier est toujours paralysé.

Les caméras portatives, « je continue à penser que c’est pertinent et c’est nécessaire », a affirmé Valérie Plante, mardi, en marge d’un bilan du SPVM. « Là où ça bloque, c’est au niveau du ministère de la Justice. Il faut vraiment s’assurer que les preuves peuvent être utilisées en cour. »

Il faut que ça débloque. On est là, on attend, on est des partenaires du ministère de la Justice et du ministère de la Sécurité publique, qui ont pris le leadership dans ce dossier-là.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Quelques dizaines de minutes plus tôt, le chef de police Fady Dagher avait lui aussi affirmé son appui pour les caméras portatives, sans toutefois s’engager sur un échéancier précis.

« Je n’ai pas de date pour les caméras, a-t-il dit. Si j’avais une boule de cristal… »

La caméra portative est « un outil important », mais n’est pas « la panacée » pour régler les enjeux des relations entre policiers et communauté, a-t-il ajouté.