Les commerçants et résidants du Village n’ont pas l’impression que leur quartier « va mieux », selon une étude toute récente commandée par la Société de développement commerciale locale dont La Presse a obtenu copie.

Ce constat entre en collision avec les propos encourageants tenus jeudi par la mairesse Valérie Plante, en tournée dans le secteur.

« Un peu plus du quart des répondants pensent déménager, vendre ou fermer leur place d’affaires prochainement », indique le sondage présenté cette semaine aux membres de la SDC. Un autre tiers a affirmé ne pas savoir ce qu’il adviendra de leur commerce (ou ne pas vouloir répondre).

Pas moins de 93 % des commerçants du quartier sont insatisfaits du niveau de sécurité dans le Village et 89 % sont insatisfaits du niveau de propreté, indique l’étude, menée par Raymond Chabot Grant Thornton auprès de 700 répondants.

« Je peux voir les efforts qui ont été faits, mais les résidants et les commerçants ne le voient pas encore », a déclaré Gabrielle Rondy, présidente de la SDC du Village. L’étude « envoie un son de cloche différent » de celui de l’administration municipale.

Elle a ajouté que les travaux majeurs de réfection de la rue Sainte-Catherine Ouest, prévus à court terme, font peur aux commerçants.

Soulignant la première année de travail de la cellule de crise affectée au quartier, Valérie Plante avait affirmé jeudi que le Village était sur la bonne voie.

« Aujourd’hui, ce que je constate […], c’est que ça va mieux », avait déclaré Valérie Plante, après une tournée du quartier. « Je ne peux pas vous dire que tout est réglé. Je ne peux pas vous dire que la situation est parfaite, parce que ce n’est pas vrai. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

Mme Plante attribuait cette amélioration au travail de la police, du réseau de la santé, des commerçants et de la Ville. « Tout le monde met la main à la pâte pour que tout le monde se sente bien d’y habiter et d’y vivre. »

Déclin des quartiers gais

Le diagnostic de Raymond Chabot Grant Thornton souligne qu’avec trois stations de métro et une localisation au carrefour du centre-ville, du Vieux-Montréal et du Plateau Mont-Royal, le Village a des atouts commerciaux majeurs.

Malgré cela, le « taux d’inoccupation commerciale élevé » de 23 % « réduit l’attractivité du quartier ». « Le portrait commercial fait ressortir des carences marquées dans le mix commercial par la faible présence de commerces de biens et services et une surreprésentation de restaurants », continue le document. « L’allure des devantures des vitrines figure aussi parmi les caractéristiques des commerces dont les répondants sont les moins satisfaits. »

Le rapport note que le déclin du Village avait commencé avant la pandémie et ressemble à celui d’autres quartiers gais sur la planète. Le développement des applications virtuelles et la meilleure acceptation de l’homosexualité par la société ont rendu l’existence de lieux de rencontre précis moins essentielle pour la communauté.

Raymond Chabot Grant Thornton recommande notamment de « concevoir un nouveau projet signature (p. ex. : les guirlandes de boules) afin de renforcer l’identité LGBTQ+du quartier ». La firme recommande aussi de continuer de travailler sur la sécurité et la propreté.

« Cette analyse confirme que l’ensemble des mesures mises en place pour assurer le dynamise et la sécurité du quartier sont nécessaires et nous continuerons de travailler avec l’ensemble de nos partenaires pour en augmenter l’impact », a réagi Robert Beaudry, responsable de l’itinérance au sein de l’administration Plante. Il représente aussi le quartier au conseil municipal. « Un important travail de revitalisation est en cours et permettra de relancer tout le dynamisme de ce quartier. »