Le promoteur Mondev pourra finalement raser l’immeuble faisant face à la place Émilie-Gamelin pour y construire une tour résidentielle de 16 étages, et ce, malgré le fait que l’ultime locataire des lieux refuse de partir. Montréal vient en effet de délivrer un permis de démolition.

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on indique que Mondev « a démontré que plusieurs options de relocalisation ont été offertes à la locataire » et que « conséquemment, le permis a été délivré ».

« Nous souhaitons toujours qu’il y ait entente entre la locataire et le promoteur et que le projet puisse aller de l’avant en redynamisant le secteur », maintient cependant l’attachée de presse Catherine Cadotte.

Mondev veut construire une tour résidentielle de 16 étages et 176 logements à l’angle des rues Saint-Hubert et Sainte-Catherine, devant la place Émilie-Gamelin. Les immeubles qui s’y trouvent, dont celui de l’ancien restaurant Da Giovanni, sont promis à la démolition pour faire place à un projet immobilier. Le secteur fait les manchettes depuis des mois en raison de la crise sociale qui y sévit.

Depuis des mois, toutefois, le promoteur se bute à un problème de taille : une locataire, Carla White, qui habite un modeste appartement dans un immeuble promis à la démolition, refuse obstinément de le quitter. Elle a déjà refusé un chèque de 20 000 $ ainsi qu’un plus bel appartement à seulement 400 $ par mois, selon l’entreprise, qui dit être à bout de ressources.

« Elle ne veut rien savoir. Ça fait des années qu’on lui parle. Elle veut un penthouse avec une vue sur le centre-ville, une vue vers l’ouest. Une grande terrasse. Ce sont des demandes selon nous complètement déraisonnables », avait affirmé le codirigeant de Mondev, Michael Owen, au sujet de la locataire, en juin dernier. Il n’a pas été possible de joindre M. Owen à ce sujet, mercredi soir.

Trois mois pour déménager

MManuel Johnson, l’avocat qui représente les intérêts de Carla White, faisait quant à lui valoir depuis le début que sa cliente voulait simplement obtenir une stabilité résidentielle à long terme et que la position de sa cliente était dépeinte de façon exagérée par Mondev.

« Elle est toujours intéressée à avoir un logement, avait fait valoir MJohnson. Maintenant, l’offre de 20 000 $, c’est non. Ce n’est pas suffisant pour lui donner une stabilité de logement pour plus d’un an ou un an et demi. Le 20 000 $, elle va le mettre dans les poches d’un autre propriétaire. Les logements disponibles maintenant à Montréal, c’est 1000 $, 1500 $. »

Selon le quotidien Le Devoir, qui a d’abord rapporté la nouvelle mercredi, le permis de démolition a officiellement été délivré le 27 mars dernier. Mme White a ensuite reçu l’ordre d’un huissier de quitter son logement d’ici le 30 juin prochain.

La locataire, qui devrait toucher l’équivalent de trois mois de loyer ainsi qu’un dédommagement pour rembourser les frais liés à son futur déménagement, entend toutefois faire valoir ses arguments lors de la prochaine séance du conseil d’arrondissement de Ville-Marie, prévue le 9 avril. Son avocat aurait aussi l’intention de contester la décision, même si la nature des recours potentiels demeure inconnue.

En principe, la démolition du bâtiment devrait s’amorcer au tournant de l’automne prochain. Le nouvel immeuble devrait ensuite mettre trois ans à sortir de terre, une fois le chantier lancé.

Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse