Des prostituées de Rio de Janeiro ont défilé mercredi soir en pleine rue pour présenter la collection Eté 2010 de leur griffe «Daspu», fondée il y a quatre ans pour lutter contre la discrimination de leur profession au Brésil.

Les «travailleuses du sexe», toutes bien rondelettes, ont porté dans la bonne humeur les modèles de la nouvelle collection intitulée «De la farofa (farine de manioc frite) au caviar!» qui s'inspire de la culture des bars et des boîtes de nuit.

Elles ont défilé sur un tapis rouge posé au milieu de la Place Tiradentes, au coeur du quartier historique et décadent de Rio, où travaillent encore quelque 300 prostituées.

«Quand mes amies putes défilent, belles et hautaines, sans avoir honte d'être pute, elles parlent d'elles-mêmes et deviennent révolutionnaires», s'est félicitée Gabriela Leite, 57 ans, à l'issue du défilé.

Ex-prostituée, elle est la créatrice de Daspu et responsable de l'Organisation non gouvernementale de prévention du sida et de défense des droits des prostituées «Davida», qui s'occupe de 4500 filles dans l'État de Rio.

La collection Eté 2010, créée en partenariat avec des stylistes de Belo Horizonte, a montré que les prostituées sont les bienvenues pour partager de la «farofa» (manioc) comme du caviar, du champagne comme de la «cachaça» (eau de vie de canne à sucre).

Dans ce contexte, sur les tee-shirts et mini-robes aux couleurs fortes, ont surgi des inscriptions telles que «Daspu à la carte», «Portion de putes» ou encore «Puta-libre», une allusion au cocktail Cuba libre (rhum-coca).

Le nom de la griffe «Daspu» est à la fois un pied de nez à Daslu, le temple du luxe à Sao Paulo, et un jeu de mots sur «das putas» (aux putes).

Cette année, leur défilé clôturait un événement organisé par la mairie pour «célébrer la Santé et la Citoyenneté» avec le soutien d'artistes et danseurs de cirque.

Daspu a été lancée en 2005 pour procurer des revenus réguliers aux prostituées tout en combattant les préjugés et le sida. Les bénéfices obtenus par les ventes de la griffe sont réinvestis dans des actions de prévention contre les maladies sexuellement transmissibles.

«Daspu balaye les préjugés. C'est la voie ouverte pour la putain citoyenne», a dit Mme Leite qui souhaite réglementer la profession.