Cafetières, armoires, barbecues, machines à laver... La fin de la mission de combat, jeudi, des quelque 3000 soldats canadiens en Afghanistan donne lieu à une immense vente de garage sur la base militaire de Kandahar.



Alors que les derniers soldats bouclent leurs bagages, une unité spéciale de 350 militaires s'affaire à inventorier et mettre en vente des milliers d'articles d'électroménager provenant des différentes postes et bases réparties dans la province méridionale de Kandahar, fief historique des insurgés talibans, où les Canadiens étaient déployés depuis 2002.

Environ 75 000 objets, couvrant l'équivalent d'une centaine de terrains de football, doivent être triés pour être vendus, détruits ou renvoyés au Canada avec les véhicules blindés, les armes et le reste du matériel militaire.

Ceux destinés à être vendus vont être proposés, via une vente aux enchères électronique, aux autres troupes composant la Force de l'OTAN en Afghanistan (Isaf), aux associations humanitaires ou aux sous-contractants travaillant sur la tentaculaire base de Kandahar, la grande ville du sud afghan.

«Nous ne voulons pas laisser une décharge avec un grand drapeau canadien dessus», explique le lieutenant-colonel Virginia Tattershall, qui commande l'unité chargée de mettre fin à la mission canadienne.

Cette unité a jusqu'à fin décembre pour faire place nette, une tâche que son bras droit, le sergent-major du régiment Brian Tuepah, compare au déménagement d'une petite ville.

Des convois de camions ont ramené à Kandahar les équipements des postes de combat et des bases avancées souvent éloignés et répartis dans la province. L'unité doit maintenant les trier et s'assurer que tous les biens censés l'être ont bien été rapportés.

Elle doit ensuite décider ce qui peut être vendu ou non. Tables, chaises, armoires, achetées aux Émirats arabes unis, attendent maintenant de nouveaux propriétaires sous le soleil brûlant de la base, dans des emballages couverts de poussière.

Ils devraient être achetés à un prix bien inférieur à celui payé lors de leur acquisition par les forces canadiennes, mais c'est toujours mieux que de les laisser derrière soi, estime le lieutenant-colonel Tattershall.

Les objets ne pouvant être vendus et ne repartant pas au Canada seront simplement détruits, notamment ceux pouvant contenir des informations sensibles. Le matelot Stéphane Lacroix, s'affaire ainsi à désosser une photocopieuse, au rythme de morceaux de rock crachés par une stéréo.

«On doit tout démonter, les fils, les composants, puis mettre le plastique avec le plastique, le métal avec le métal», explique-t-il. «On pourrait le faire avec une grosse masse, mais on doit prendre le temps nécessaire».

Chaque objet devant repartir au Canada doit lui être identifié par un code-barre, avant d'être rangé dans un des nombreux conteneurs qui seront renvoyés vers 36 différents endroits du Canada.

Chaque conteneur sera ensuite désinfecté par fumigation pour éviter l'importation d'espèces afghanes au Canada.

Une fois à destination, il faudra plusieurs mois pour vider ces conteneurs, «mais heureusement, ce sera quelqu'un d'autre qui en sera responsable», sourit le lieutenant-colonel Tattershall.