(Mexico) Le naufragé australien qui a dérivé pendant deux mois dans le Pacifique avec sa chienne Bella, se nourrissant de poisson cru, est arrivé mardi au Mexique à bord du bateau de pêche qui lui a sauvé la vie.

« Je suis juste tellement reconnaissant », a lancé Timothy Shaddock à sa descente du thonier Maria Delia, collier de barbe blanche, cheveux blonds délavés hirsutes, yeux bleus, les traits tirés mais souriant.

Des médias australiens avaient annoncé lundi avoir localisé le quinquagénaire à bord de son catamaran Aloha Toa.

L’Australien « se trouvait à plus de 1200 milles marins (environ 2200 km) de la terre », a précisé l’entreprise de pêche Grupomar, qui lui a porté secours, dans un communiqué.

ASSOCIATED PRESS

Tim Shaddock et Bella avaient quitté la ville balnéaire de La Paz, au Mexique, en avril.

« Je suis en vie », s’est-il réjoui, comme s’il avait du mal à y croire. « Je ne pensais pas que j’y parviendrais, surtout avec l’arrivée de l’ouragan », fréquent à cette époque de l’année dans le Pacifique.

« Mais maintenant je vais très bien », a-t-il assuré aux journalistes qui l’attendaient sur un quai du port de Manzanillo, dans l’ouest du Mexique.

Le naufragé a rendu hommage à sa petite chienne Bella.

« La fatigue est le plus difficile »

« Je suis juste reconnaissant qu’elle soit en vie. Elle est bien plus courageuse que moi […] elle est incroyable », a-t-il raconté.

Bella l’avait suivi à bord de son catamaran alors que le marin avait cherché à lui trouver une famille d’accueil à plusieurs reprises, a-t-il raconté.

Tim Shaddock et Bella avaient quitté la ville balnéaire de La Paz, au Mexique, en avril et prévoyaient de parcourir environ 6000 km avant de jeter l’ancre en Polynésie française.

Mais une mer agitée a rapidement endommagé le catamaran et mis hors de service les équipements électroniques.

« La fatigue est le plus difficile », a-t-il poursuivi à propos de sa dérive solitaire en haute mer. « J’essayais de trouver du bonheur au fond de moi ».

« Mon état de santé s’est dégradé à un moment. J’avais très faim », a-t-il détaillé. « J’ai beaucoup pêché ».

« Quand les choses se compliquent, tu dois survivre », a expliqué ce Robinson du Pacifique. « Et quand tu es sauvé, tu as envie de vivre ».

« Je veux voir mes amis et ma famille », a-t-il indiqué, coiffé d’un béret portant le logo de l’entreprise propriétaire du bateau de pêche mexicain.

« La vie est belle et nous avons eu la responsabilité de sauver la vie d’un être humain et de la petite chienne qui l’accompagnait », a déclaré le président de l’entreprise Grupomar, Antonio Suarez.

« Nous avons un service médical à bord de nos bateaux », a-t-il ajouté, visiblement ravi de cette opération de communication. « Il est tombé entre de bonnes mains ».

L’embarcation qui a sauvé le naufragé est la plus petite et la plus ancienne de la flotte de Grupomar, a-t-il précisé. C’était sans doute sa dernière sortie en mer.

Timothy Shaddock a 51 ans d’après les médias australiens, 54 d’après le communiqué de l’entreprise de pêche.

« J’aime être seul sur l’océan », a-t-il confessé. « Probablement pas » au point de reprendre la mer tout de suite, précise-t-il.