Atteint d’une dizaine de balles sur sa véranda, Yvon Marchand est entré dans sa résidence, s’est affaissé dans le salon et a eu la force de donner des informations sur le tireur à la répartitrice du 911 avant de mourir le soir du 29 octobre 2018.
C’est ce que des témoins ont commencé à raconter depuis mardi, au procès de Frédérick Silva, soupçonné d’être un tueur à gages, qui se déroule depuis quelques semaines devant le juge Marc David de la Cour supérieure au palais de justice de Montréal.
Silva est accusé d’avoir tenté de tuer le chef de clan de la mafia Salvatore Scoppa en février 2017 et d’avoir assassiné Alessandro Vinci, Yvon Marchand et Sébastien Beauchamp entre octobre et décembre 2018.
La poursuite a déjà présenté sa preuve dans les dossiers de Scoppa et de Vinci. Nous en sommes maintenant à celle qui concerne le meurtre d’Yvon Marchand, 51 ans, abattu devant sa résidence de la rue Pierre-Tétreault, dans l’est de Montréal.
Me Antoine Piché de la poursuite a diffusé dans la salle d’audience un appel au 911 d’une durée de quatre minutes fait par une proche de Marchand immédiatement après le crime.
Durant la conversation, on entend en sourdine la victime décrire le suspect et indiquer dans quelle direction il a pris la fuite. Les paramédicaux d’Urgences-santé et les pompiers arriveront sur les lieux par la suite. La policière Valérie Guérin-Thériault du SPVM pratiquera des manœuvres de réanimation sur la victime tout au long du trajet vers l’hôpital, où le décès sera constaté.
18 balles tirées
Une technicienne en scène de crime du SPVM, Chantal Cusson, a expliqué que 18 projectiles avaient été tirés sur Yvon Marchand avec l’aide d’un pistolet mitrailleur Cobray muni d’un silencieux abandonné ensuite par le tireur près de la véranda de la maison voisine.
Elle a également relevé plusieurs impacts de balles sur la porte d’entrée et dans les murs et plafonds à l’intérieur de la résidence. Elle y a aussi trouvé des projectiles.
Aucune empreinte digitale n’a été décelée sur l’arme, le silencieux et le chargeur, pas plus que sur les 18 douilles retrouvées par les policiers et qui jonchaient le sol devant la résidence et sur la galerie de celle-ci.
Toutefois, le chien renifleur Gypsy de la policière Josée Dubois du SPVM s’est arrêté devant un morceau de tissu noir dans un pot de fleurs sur le terrain d’une maison située à quelques dizaines de mètres des lieux du crime.
« Le chien a soudainement levé la tête, cherché un cône d’odeur, a pris le morceau de tissu dans sa gueule, l’a laissé tomber et s’est couché. Cela signifie que pour lui, il y avait une forte odeur humaine sur l’objet », a décrit la policière Dubois.
Les policiers ont également observé et photographié une longue traînée d’une substance rougeâtre sur la rue Pierre-Tétreault et l’avenue Pierre-De Coubertin le soir du crime. Pour le moment cependant, on ignore si le bout de tissu noir et la substance rougeâtre sont liés au crime.
Tué alors qu’il était au téléphone
Par ailleurs, au sujet du meurtre d’Alessandro Vinci commis le 11 octobre 2018, un enquêteur des Crimes contre la personne de la Sûreté du Québec, Myrco Bellemare, a confirmé mardi que la victime était au téléphone avec un ami depuis un peu plus de cinq minutes lorsqu’elle a été criblée de balles à 20 h 16 min 28 s.
Le téléphone de M. Vinci a été détruit par les coups de feu. L’ami de la victime a tenté de le rappeler quelques fois par la suite, sur son cellulaire et au numéro de téléphone du garage Vinci, en vain. Il a aussi joint sa conjointe et le père de la victime avant de composer le 911 à 20 h 49 min 48 s, 35 minutes après l’heure alléguée du crime.
Le procès se poursuit ce jeudi.
Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.