Un proxénète qui a exploité sexuellement deux adolescentes, dont une orpheline de la DPJ, a été condamné à 45 mois de détention vendredi au palais de justice de Montréal. Yassir Farhi n’hésitait pas à frapper et à droguer ses victimes pour qu’elles demeurent sous son joug.

« Je suis vraiment désolé », a murmuré l’homme de 25 ans, avant de prendre le chemin de la prison vendredi. Le nouveau père de famille aura maintenant quelques années pour réfléchir à ses gestes qui ont détruit la vie de ses victimes. L’une d’entre elles souffre depuis d’un choc post-traumatique et n’a pas été en mesure de terminer son secondaire.

Yassir Farhi rencontre ses deux victimes, des adolescentes de 16 et 17 ans, à l’été 2018. Celle âgée de 17 ans est alors sous la supervision de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) depuis la mort de ses parents. En novembre, Yassir Farhi emmène les deux filles dans un « Airbnb » du centre-ville de Montréal et leur offre de l’alcool et de la méthamphétamine.

Sur place, un ami de Yassir Farhi explique aux filles comment « faire un shift », soit se prostituer, dans le jargon. Il leur dicte les tarifs et de quelle façon faire payer les clients. Yassir Farhi « écoute attentivement » aux côtés de son ami, selon le résumé des faits présenté en cour.

Dans les jours suivants, Yassir Farhi photographie les deux adolescentes en sous-vêtements et publie ces clichés sur des sites de services sexuels. L’accusé frappe l’ado de 16 ans « à de multiples reprises, si elle ose protester ou a des interrogations ».

« Pendant une période d’environ une semaine et demie, les plaignantes offriront des services sexuels à des clients et remettront des montants d’argent à l’accusé. De la drogue sous forme de comprimés leur est fournie durant cette période », indique le résumé des faits.

Deux semaines après le début de leur calvaire, les victimes disent à l’accusé qu’elles n’en peuvent plus. Yassir Farhi les incite alors à commettre des fraudes pour rembourser leurs « dépenses » lors de certaines fêtes. C’est ainsi que les adolescentes sont arrêtées pour avoir fraudé une banque.

Le résidant de Châteauguay a plaidé coupable en février dernier à des accusations d’avoir bénéficié de la prostitution, de publicité de services sexuels, de voies de fait et d’avoir aidé à administrer de la drogue. Il avait obtenu un délai de quelques semaines pour l’imposition de sa peine en raison de la naissance de son enfant.

La juge Flavia K. Longo a entériné la suggestion commune de la procureure de la Couronne MMarie-Josée Thériault et de l’avocat de la défense MRamy El-Turaby en imposant une peine de 45 mois de détention. Son avocat a notamment insisté sur la « réhabilitation » de son client. « Il a beaucoup maturé. Il a fondé une famille », a fait valoir MEl-Turaby.