(Québec) Le procès du tueur au sabre du Vieux-Québec tire à sa fin et le juge Richard Grenier a commencé à donner ses instructions au jury dans cette affaire hautement complexe où s’entremêlent des questions de santé mentale et de responsabilité criminelle.

« Dans la présente affaire, vous avez un danger important », a averti le juge de la Cour supérieure aux 11 membres du jury, l’une des membres ayant été exclue après qu’elle eut contracté la COVID-19.

« C’est extrêmement dangereux si une thèse s’appuie sur des faits dont on n’est pas certain, des faits qui en preuve ne sont pas très, très forts et sur lesquels on a bâti un château de cartes », a prévenu le magistrat.

« Je ne fais pas allusion à l’une ou l’autre des thèses, je n’ai pas d’opinion à vous donner. »

Troubles mentaux et responsabilité criminelle

Le jury devra trancher plusieurs questions de droit. La question centrale est la suivante : Carl Girouard, 26 ans, souffrait-il de troubles mentaux au moment de commettre ses gestes et, si oui, est-il criminellement responsable ?

Si le jury conclut qu’il est responsable, il devra ensuite statuer sur la nature des meurtres. S’agit-il de meurtres au premier degré, comme le soutient l’accusation, ou au deuxième degré, voire d’homicides involontaires ?

Girouard est aussi accusé de cinq tentatives de meurtre. Il a admis lors de son témoignage qu’il cherchait à tuer et qu’il avait été déçu de ne pas achever le premier passant qu’il avait attaqué.

Dès le début du procès qui a duré plus de quatre semaines, l’accusé a reconnu être l’auteur de la tuerie du 31 octobre 2020. Ce soir-là, il a profité de l’Halloween, tout vêtu de noir, pour attaquer des innocents avec un katana.

La défense soutient que le tueur était en psychose et qu’il souffrait de schizophrénie. La poursuite croit plutôt que le tueur savait ce qu’il faisait ce soir-là et avait nourri pendant des années un fantasme malveillant pour se venger d’une société dans laquelle il ne trouvait pas sa place.

Les jurés devront donc soupeser les témoignages des experts de la poursuite et de la défense, qui ont rendu des diagnostics opposés. Un psychiatre et un neuropsychologue mandatés par la Couronne ont conclu que le tueur n’était pas psychotique, alors qu’un psychiatre témoignant pour la défense a soutenu l’inverse.

« Vous devez apprécier la fiabilité et la crédibilité à apporter aux témoins », a avancé le juge Grenier.

Le magistrat a décidé de terminer ses instructions aux jurés lundi pour ne pas avoir à les isoler en fin de semaine. « Il doit faire beau en fin de semaine », a remarqué le juge, magnanime.

Les jurés commenceront donc leurs délibérations lundi. Rappelons que Carl Girouard est accusé de deux meurtres au premier degré et de cinq tentatives de meurtre.