(Ottawa) L’exploitation sexuelle des enfants et la violence sexuelle à l’égard des enfants en ligne ont augmenté au Canada de 2014 à 2020, selon une compilation de données publiée jeudi par Statistique Canada. Ces chiffres incluent une légère augmentation au cours de la première année de la pandémie.

Par exemple, en 2020, le taux global d’affaires d’exploitation sexuelle des enfants et de violence sexuelle à l’égard des enfants en ligne était de 131 pour 100 000 enfants et jeunes, comparativement à 50 pour 100 000 six ans plus tôt.

La police a signalé un total de 10 739 incidents d’infractions sexuelles en ligne contre des enfants au cours de cette période et 29 028 portants sur la pornographie juvénile en ligne. Un incident est signalé comme une infraction sexuelle en ligne si la police a identifié l’enfant impliqué ou comme de la pornographie juvénile en ligne si ce n’est pas le cas.

Les taux d’exploitation et d’abus sexuels d’enfants en ligne ont augmenté au cours de la première année de la crise sanitaire dans le cadre d’une augmentation globale de la cybercriminalité, a déclaré Statistique Canada. Les taux de crimes liés à la pornographie juvénile étaient environ un tiers plus élevé en 2020 qu’en 2019, tandis que le taux d’infractions de leurre d’enfants a augmenté de 22 %.

Le professeur émérite de droit à l’Université Dalhousie, Wayne MacKay, a dit que ces chiffres « stupéfiants » soulèvent des inquiétudes quant à la nature changeante des crimes sexuels contre les enfants.

Bien qu’une meilleure surveillance de la cybercriminalité a pu expliquer une partie de l’augmentation au cours de la période d’étude, les recherches ont suggéré que les abus sexuels d’enfants en ligne ne sont souvent pas signalés, a spécifié M. MacKay.

« Le message qui ressort de ces données est assez clair : nous avons toujours un problème important de cybercriminalité et d’exploitation sexuelle des enfants, a souligné M. MacKay. Ce n’est évidemment pas acceptable, surtout quand […] vous regardez les conséquences dévastatrices des victimes pour qui ça change leur vie. »

Statistique Canada a toutefois précisé que bien que le nombre de crimes de cette nature pourrait être en hausse, une partie de l’augmentation pourrait aussi être attribuable au fait que les policiers sont mieux formés à détecter ces crimes et que les victimes sont davantage disposées à les signaler.

De 2014 à 2020, le leurre d’un enfant a représenté 77 % des infractions sexuelles contre des enfants en ligne pour lesquelles une victime a été identifiée, suivi de la distribution non consensuelle d’images intimes, qui s’élève à 11 %, et de l’incitation à des contacts sexuels, à 8 %. Parmi les affaires de pornographie juvénile, 68 % concernaient la production ou la distribution de pornographie juvénile.

L’agence fédérale a observé qu’en 2020, lors de la première année de la pandémie de COVID-19, la cybercriminalité déclarée à la police s’est accrue de 31 % par rapport à 2019. Entre-temps, il y a eu une baisse globale des taux de crimes déclarés par la police, y compris les agressions sexuelles, après plusieurs années d’augmentation.

Les données indiquent que 73 % des victimes d’exploitation sexuelle des enfants et da violence sexuelle en ligne étaient des filles âgées de 12 à 17 ans, et que 13 % étaient des filles de moins de 12 ans.

D’autre part, 91 % des auteurs présumés d’exploitation sexuelle des enfants et de violence sexuelle des enfants en ligne étaient des hommes et des garçons : 35 % d’entre eux avaient entre 25 et 44 ans, 20 % avaient entre 18 et 24 ans, et 18 % avaient 45 ans et plus.

Pour les infractions sexuelles contre des enfants en ligne, les accusés étaient plus susceptibles d’être identifiés comme des étrangers et des connaissances occasionnelles. Toutefois, la relation entre la victime et l’accusé variait selon le type d’infraction et les personnes impliquées.

Dans près de la moitié des cas de distribution non consensuelle d’images intimes, l’auteur a été identifié comme un partenaire intime ou un ami, selon le rapport. Plus des deux tiers des accusés étaient des garçons âgés de 12 à 17 ans et 22 % étaient des filles de la même tranche d’âge.

Statistique Canada a signalé que de tels phénomènes étaient attendus, car le confinement instauré en réaction à la pandémie de COVID-19 a eu pour effet de réduire les possibilités que des crimes soient commis en personne. En revanche, l’augmentation du temps passé en ligne pendant la pandémie a pu avoir accru les possibilités de commettre des crimes en ligne.

Enfin, Statistique Canada a observé qu’un faible nombre d’affaires de pornographie juvénile étaient résolues par la police.