(Montréal) Une camionneuse, congédiée par message texte par son employeur après qu’elle lui eut annoncé qu’elle était enceinte, vient d’obtenir gain de cause devant le tribunal.

L’employeur, une compagnie à numéro qui fait du transport de matériaux en vrac, ne s’est même pas présenté lors de l’audience devant le Tribunal administratif du travail.

Le tribunal a même attendu l’employeur, en vain. « L’employeur n’ayant fourni aucun motif valable justifiant son absence, le Tribunal procède à l’instruction de l’affaire » et tranche en faveur de la travailleuse.

La femme avait été embauchée le 1er août 2020 comme camionneuse. La relation avec son employeur était « amicale » jusqu’au 9 octobre 2020, lorsqu’elle l’a informé par message texte qu’elle était enceinte, qu’elle verrait bientôt un médecin et qu’elle travaillerait jusqu’à la date que celui-ci lui indiquerait.

Devant le tribunal, la travailleuse a relaté que dès lors, l’attitude de l’employeur à son endroit a changé.

Quelques jours plus tard, des collègues, dont un contremaître, lui ont rapporté que l’employeur la traitait ouvertement de « bonne à rien » et qu’il aurait « aussi prévenu sa collègue de ne pas faire comme elle et de ne pas tomber enceinte avec le premier venu », relate le Tribunal.

La salariée a alors confronté son employeur, qui a nié les faits. Elle ne l’a pas laissé finir et a terminé la conversation téléphonique abruptement, relate le Tribunal.

L’employeur « la congédie le soir même par message texte », relate le juge administratif.

La salariée lui répond qu’il ne peut pas faire ça, qu’elle est enceinte. Il lui répond que sa décision était déjà prise la veille.

L’employeur ne s’est pas présenté au Tribunal pour donner sa version des faits, malgré une convocation en ce sens, mais le Tribunal a tout de même eu accès aux échanges entre les parties par messages textes.

Le Tribunal a établi qu’il y avait bien concomitance entre le droit exercé par la travailleuse et la sanction dont elle a été victime, à savoir le congédiement. Dans ce contexte, il appartenait à l’employeur de démontrer que la fin d’emploi de cette travailleuse reposait sur « une autre cause juste et suffisante », ce qu’il n’a pas fait.

Le Tribunal conclut donc que la salariée a bel et bien été congédiée parce qu’elle était enceinte. Il a accepté sa plainte, annulé le congédiement du 15 octobre 2020 et ordonné à l’employeur de la réintégrer dans son emploi, avec tous ses droits. Il lui a aussi ordonné de lui verser, à titre d’indemnité, l’équivalent du salaire et des autres avantages dont l’a privée le congédiement.