« Que la balle n’ait fait que traverser un mollet, que le policier n’ait passé que deux heures à l’hôpital et qu’il ne soit rien arrivé de plus grave, ça tient du miracle », lance Yves Francœur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, en entrevue à La Presse.

Le patrouilleur atteint par balle lors de la poursuite à pied d’un individu armé tard mercredi soir dans le centre-ville était le 5e évènement en moins de deux ans au cours duquel un policier du SPVM était atteint ou visé par balle.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Un policier blessé par balle après une poursuite à pied près de la rue Tupper, mercredi soir.

En septembre 2020, un patrouilleur a été touché au pied par un projectile tiré par un suspect lors d’une intervention dans le Vieux-Port.

L’hiver suivant, c’était au tour de l’agent Sanjay Vig d’être battu et visé avec sa propre arme de service dans le nord de la métropole. C’est à la suite de cet évènement qu’un automobiliste innocent avait été arrêté et accusé par erreur.

En août 2021, une balle perdue avait failli atteindre une policière près d’un hôpital, et en mai dernier, des projectiles ont été tirés sur la voiture de patrouille du policier Vig – encore lui – dans l’arrondissement de LaSalle.

On pourrait ajouter un sixième évènement au cours duquel un enquêteur a été agressé au moment où il livrait une citation à comparaître dans l’arrondissement de LaSalle en janvier dernier, mais aucune arme à feu n’a alors été utilisée.

À l’approche des vacances, et alors que les « armes à feu sont plus présentes que jamais », écrit-elle dans un communiqué, la Fraternité a senti le besoin de lancer un appel à la prudence à ses 4500 membres.

C’est la base du travail du policier d’être prudent. Mais ils sont aussi des humains. Leurs proches sont en droit de s’attendre à ce qu’ils reviennent à la maison en un seul morceau.

Yves Francœur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal

Soutien politique absent

Ce dernier reproche par ailleurs à la mairesse Valérie Plante d’avoir tardé à soutenir le policier blessé sur les réseaux sociaux jeudi.

« Elle est plus prompte à blâmer les policiers qu’à les soutenir », accuse-t-il, ajoutant que l’absence de bons mots de la mairesse et, en revanche, le gazouillis de soutien du premier ministre François Legault ont été « grandement remarqués » par ses membres.

M. Francœur déplore ce qu’il appelle le «  manque de soutien du politique » à l’égard des policiers montréalais et qui se traduit notamment, selon lui, par un manque d’effectifs.

« Nos enquêteurs nous le disent. Nous recevons beaucoup plus d’informations sur les dossiers de stupéfiants et d’armes à feu que toutes celles que l’on peut traiter. Les enquêteurs doivent y aller par priorités, et les armes qu’ils saisissent, c’est la pointe de l’iceberg », prévient Yves Francœur.

En début d’après-midi vendredi, Valérie Plante a envoyé un gazouillis déplorant la blessure subie par le policier et soulignant le travail de tous les agents et enquêteurs.

« La mairesse appuie sans réserve le travail des policiers qui œuvrent sans relâche pour assurer la sécurité de notre métropole et c’est d’autant plus vrai lorsqu’un évènement tragique survient comme celui de cette semaine. Ces gestes sont choquants et inacceptables. Nous sommes soulagés d’apprendre aujourd’hui que le policier a reçu son congé de l’hôpital. Nous lui souhaitons prompt rétablissement et nous dénonçons avec vigueur ces gestes qui n’ont pas leur place dans notre ville », a répliqué Marikym Gaudreault, du cabinet de Valérie Plante.

Celle-ci a aussi souligné que la mairesse avait relayé jeudi un gazouillis compatissant du conseiller d’arrondissement Alain Vaillancourt et qu’elle avait accompagné la directrice par intérim du SPVM, Sophie Roy, sur le terrain le mois dernier.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Valérie Plante en compagnie de la directrice par intérim du SPVM Sophie Roy à la fin de juin

« Dans un contexte de négociation de la convention collective avec le syndicat des policiers, nous allons réserver nos commentaires sur la communication du syndicat à ses membres », a poursuivi Mme Gaudreault.

Ayant vraisemblablement prévu le coup, M. Francœur assure que sa sortie n’a rien à voir avec le début prochain des négociations menant au renouvellement de la convention collective.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

Armé, « violent et dangereux »

PHOTO FOURNIE PAR LA POLICE DE KINGSTON

Maurice Heptbourne

Maurice Heptbourne, un résidant ontarien soupçonné d’avoir tiré un projectile d’arme à feu sur un policier du SPVM, doit comparaître lundi prochain au palais de justice de Montréal. Selon nos informations, il pourrait faire face à des accusations de tentative de meurtre, d’avoir déchargé une arme à feu et utilisé une arme à feu à autorisation restreinte. Maurice Heptbourne, de Kingston, en Ontario, était recherché par la police depuis mai dernier en lien avec des dossiers de possession d’arme à feu, de violence conjugale, de vol et de méfait. L’homme de 32 ans est décrit par les autorités locales comme « violent et dangereux. » « Nous avisons les gens de ne pas s’approcher de lui et d’appeler le 911 si vous apercevez le suspect », peut-on lire dans un avis de recherche diffusé par la police de Kingston. Selon les médias locaux, Heptbourne avait été impliqué en 2013 dans une affaire de vol et d’agression au domicile. Il avait écopé d’une lourde peine pour avoir séquestré l’occupante de la résidence. Alors qu’il était âgé de 19 ans seulement, Heptbourne était recherché par la police de Windsor. Il était alors soupçonné d’avoir poignardé un homme de 57 ans dans un parc avec trois autres complices.

Mayssa Ferah, La Presse