La criminalité a augmenté en 2021 au Canada en raison notamment d’une hausse marquée des crimes haineux et des agressions sexuelles, selon des données divulguées mardi par Statistique Canada.

Plus de 2 millions d’infractions au Code criminel (sauf les délits de la route) ont été déclarées par la police en 2021, soit environ 25 500 affaires de plus qu’en 2020, une hausse de 1 %.

Les crimes déclarés par la police au Canada sont mesurés au moyen de l’Indice de gravité de la criminalité (IGC). L’IGC avec violence a augmenté de 5 %, pour atteindre un niveau plus élevé qu’avant la pandémie, tandis que l’IGC sans violence a diminué de 3 %, après un recul de 9 % en 2020.

Le Québec est la province où l’IGC est le plus faible au pays : il s’établit à 54,3, alors que la moyenne canadienne est de 73,7. Les villes québécoises affichent d’ailleurs des indices nettement plus faibles qu’ailleurs au Canada.

L’IGC sans violence, qui comprend par exemple les infractions contre les biens et les infractions relatives aux drogues, a diminué de 3 %, une baisse en grande partie attribuable à la diminution des taux d’introductions par effraction (– 10 %) et de vols de 5000 $ ou moins (- 4 %).

Ces données ne mesurent que les affaires qui sont portées à l’attention de la police. L’Enquête sociale générale (ESG) de 2019 sur la sécurité des Canadiens a révélé qu’un peu moins du tiers (29 %) des incidents avec violence et sans violence ont été signalés à la police.

Crimes haineux

Les crimes motivés par la haine ont bondi de 27 %, passant de 2646 affaires en 2020 à 3360 affaires en 2021. Depuis 2019, ces crimes ont grimpé de 72 %.

La pandémie a exacerbé les enjeux liés à la sécurité et à la discrimination au Canada, y compris les crimes haineux, explique le rapport de Statistique Canada.

L’augmentation s’explique en majeure partie par la hausse du nombre de crimes motivés par la haine envers une religion (+ 67 %), une orientation sexuelle (+ 64 %) et une race ou une origine ethnique (+ 6 %).

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Des membres de la communauté juive hassidique, à Montréal

L’augmentation des plaintes peut signifier que plus de crimes haineux sont commis, mais peut aussi signifier que ces crimes sont plus souvent signalés par le public. Un peu plus du cinquième (22 %) des incidents perçus comme étant motivés par la haine a été signalé à la police, selon l’ESG de 2019.

Agressions sexuelles

Si les crimes violents sont en hausse, c’est principalement en raison d’une augmentation de 18 % du taux d’agressions sexuelles de niveau 1. La hausse du nombre d’agressions sexuelles de niveau 1 a été à l’origine de 40 % de l’augmentation de l’IGC avec violence. En revanche, les taux d’agressions sexuelles de niveau 2 et de niveau 3 (plus graves) ont diminué de 5 % et de 13 % respectivement. Au total, les agressions sexuelles de niveau 1 représentaient 98 % des agressions sexuelles en 2021.

Dans l’ensemble, la police a déclaré 34 242 agressions sexuelles (niveaux 1, 2 et 3) en 2021, ce qui se traduit par un taux de 90 affaires pour 100 000 habitants. Ce taux est de 18 % supérieur à celui enregistré en 2020, et il est le plus haut atteint depuis 1996.

« Le nombre d’agressions sexuelles déclarées par la police est vraisemblablement une sous-estimation marquée de l’étendue réelle des agressions sexuelles au Canada, puisqu’il arrive souvent que ces types d’infractions ne soient pas signalés à la police, relève Statistique Canada. Par exemple, les plus récentes données autodéclarées, tirées de l’ESG de 2019 sur la sécurité des Canadiens, révèlent que 6 % des incidents d’agression sexuelle subis par des Canadiens de 15 ans et plus au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête ont été portés à l’attention de la police. »

Il est possible que le confinement lié à la pandémie ait exacerbé les problèmes entourant le sous-signalement des agressions sexuelles en 2020, avance l’organisme.

Homicides

En 2021, 788 homicides ont été commis au pays, soit 29 de plus que l’année précédente. À l’échelle nationale, le taux d’homicides s’est accru de 3 % pour passer de 2,00 homicides pour 100 000 habitants en 2020 à 2,06 homicides pour 100 000 habitants en 2021.

La police a déclaré 190 victimes d’homicide autochtones, soit 18 de moins qu’en 2020. Malgré cette diminution, le taux d’homicides chez les peuples autochtones (9,17 pour 100 000 personnes) était environ six fois plus élevé que le taux observé chez les personnes non autochtones (1,55 pour 100 000 personnes).

Le taux d’homicides chez les personnes identifiées par la police comme appartenant à un groupe désigné comme racisé a augmenté de 34 % en 2021 pour atteindre 2,51 homicides pour 100 000 personnes. Ce taux était plus élevé que le taux observé chez les victimes dans le reste de la population (1,81 homicide pour 100 000 personnes).

Quatre homicides sur 10 (41 %) ont été commis à l’aide d’une arme à feu. L’arme a été retrouvée dans 29 % des cas. Parmi les 297 homicides commis à l’aide d’une arme à feu en 2021, près de la moitié (46 %) étaient considérés par la police comme étant attribuables à des gangs.

Opioïdes

En 2021, 5996 infractions liées aux opioïdes ont été dénombrées au Canada, ce qui correspond à un taux de 16 affaires pour 100 000 habitants et à une hausse de 13 % comparativement à 2020.

Parmi les provinces, les taux les plus élevés d’infractions ont été enregistrés en Colombie-Britannique (57 affaires pour 100 000 habitants), en Ontario (13) et en Alberta (13), alors que le Québec est beaucoup moins touché (2 affaires pour 100 000 habitants).

D’après les données policières, les taux d’infractions liées à l’héroïne (– 32 %), à l’ecstasy (- 25 %), à la méthamphétamine (– 20 %) et à la cocaïne (- 15 %) ont tous diminué. De plus, le taux de conduite avec les facultés affaiblies a reculé de 9 % par rapport à 2020.