« Le petit, il a passé toute la journée au soleil », souffle Réjean Pelletier, encore secoué.

Un soleil de plomb tapait sur le stationnement de la résidence pour aînés Jardins Vaudreuil, à Vaudreuil-Dorion.

C’est là qu’un bambin de 2 ans a été retrouvé mort de chaleur, vendredi après-midi, dans une auto où il avait été vraisemblablement oublié.

Le véhicule n’avait toujours pas été déplacé, samedi. Sur la banquette arrière, de petites sandales bleues et un siège pour enfant, vide.

Concierge d’un immeuble voisin, Réjean Pelletier avait déposé plus tôt dans la journée un bouquet de fleurs et une peluche devant la voiture.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Réjean Pelletier

Encore sous le choc, il peinait à trouver les mots pour décrire la tragédie. « Il faisait chaud. J’avais l’air climatisé, et ce n’était pas assez. Imagine le bébé », parvient-il à balbutier.

« Tout le monde ici est triste », lance à son tour Cindie Leclerc, une voisine. « Quand je suis arrivée du travail, il y avait déjà des policiers et des paramédicaux. Au début, ils ne voulaient rien nous dire », raconte-t-elle.

C’est seulement plus tard dans la soirée qu’on l’a informée du drame : un petit garçon oublié « plusieurs heures » dans la voiture, ce qui correspond aussi à ce que plusieurs témoins nous ont rapporté.

Selon la Sûreté du Québec (SQ), le bambin a été retrouvé inanimé vers 16 h 15, dans le stationnement de la résidence, rue Querbes.

Des manœuvres de réanimation ont été pratiquées sur l’enfant, en vain.

Pour le moment, la SQ n’a pas précisé qui a fait la découverte du garçon ni combien d’heures il avait été laissé dans la voiture.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Le bambin a été retrouvé dans la voiture, mort de chaleur, en fin d’après-midi vendredi.

Une enquête des Crimes majeurs de la SQ est en cours, comme c’est toujours le cas lorsque le décès d’un enfant de moins de 6 ans survient dans des circonstances obscures ou en l’absence de cause médicale connue. Une enquête du coroner aura également lieu.

« Je ne comprends pas »

Au lendemain de la tragédie, les résidants du quartier étaient tous hantés par la même question : comment peut-on oublier son enfant dans l’auto ?

« Je ne peux pas comprendre. C’est malheureux », lance Robert Dumoulin, père de trois enfants.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Cindie Leclerc

Je ne sais vraiment pas ce qui s’est passé. Ça peut être plein d’histoires », croit pour sa part Cindie Leclerc. Un changement de routine ? Un oubli tragique ? « Je ne crois pas que c’était voulu, ça, c’est sûr », dit-elle.

Ce n’est pas le premier décès d’un enfant oublié dans une voiture au Québec — ou au pays.

Un enfant meurt chaque année au Canada après avoir été oublié à l’intérieur d’un véhicule en plein été, selon une étude de l’Hôpital pour enfants malades de Toronto.

Des outils existent déjà pour éviter qu’une telle catastrophe se produise tels que des caméras, des rétroviseurs et des capteurs sous le siège de l’enfant.

Or, certains réclament plus : rendre obligatoire une alarme de sécurité sur le siège de tous les enfants de moins de 4 ans.

Lisez « Personne ne doit vivre ce que j’ai vécu »

La coroner Julie A. Blondin en a fait la recommandation après le décès d’un poupon de 6 mois, en 2018 au Québec, dans des circonstances similaires.

Dans son rapport, elle concluait que l’enfant avait été « oublié » et que le décès était « accidentel ». Toufefois, elle pressait Transports Canada d’envisager de rendre obligatoires les alarmes de sécurité.

« Si un enfant est oublié dans un véhicule, une alarme va se déclencher et émettre des sons que l’on peut entendre à l’extérieur du véhicule. Certains de ces appareils vont même transmettre un message ou appeler le téléphone du conducteur », écrivait-elle dans son rapport.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

De petites sandales et un siège pour enfant se trouvaient sur la banquette arrière du véhicule, qui était toujours sur les lieux du drame samedi.