Un Montréalais qui a eu des dizaines de relations sexuelles avec sa propre fille adulte et qui a fini par la mettre enceinte a été reconnu coupable d’inceste lundi au palais de justice de Montréal. L’homme de 52 ans dénonçait le « dogme de l’inceste » dans la société et se posait même en victime de sa fille atteinte d’un retard intellectuel.

Le père et sa fille ont entretenu une relation incestueuse pendant 10 mois en 2015 et 2016, alors que la victime était au début de la vingtaine. Le père avait perdu la garde de ses enfants au début de leur enfance. Ils avaient toutefois renoué à l’âge adulte, alors que la jeune femme vulnérable fréquentait les refuges pour femmes itinérantes. Pour protéger son identité, nous ne pouvons identifier l’accusé.

La jeune femme soutient avoir eu pendant cette période une cinquantaine de relations sexuelles avec son père, au rythme d’une ou deux par semaine. Son père l’a même sodomisée à deux reprises. La victime craignait d’être frappée ou même tuée par son père, a-t-elle témoigné. C’est pourquoi elle se sentait obligée d’obtempérer.

L’accusé aurait en effet menacé de la tuer, ajoutant qu’il jetterait ses restes aux ordures. Une autre fois, il lui aurait dit qu’il la livrerait à 11 hommes pour qu’elle soit violée.

C’est une fois que la victime, enceinte de son père, a subi une interruption de grossesse que leur relation incestueuse a été découverte par leur entourage. Des accusations ont alors été déposées contre le père en 2016.

Des témoignages « illogiques »

Au procès, le père a admis avoir eu plusieurs rapports sexuels avec sa fille, mais a toutefois nié avoir pénétré celle-ci avec son pénis. Contrairement aux crimes de nature sexuelle, la pénétration vaginale est une condition essentielle à l’inceste en vertu du Code criminel.

« Le Tribunal ne croit pas la version de l’accusé, où il affirme ne pas se souvenir d’avoir eu des relations sexuelles complètes. Il se contredit. Avoir des relations avec sa fille est un évènement mémorable. Dire : ‟Je ne m’en souviens pas” est illogique », a tranché lundi le juge André Perreault.

Pour expliquer la présence de son ADN dans l’embryon de sa fille, le père est allé jusqu’à jeter le blâme sur son fils. Une hypothèse rejetée par le juge. Le père n’a pas hésité aussi à se poser en victime de sa fille, une « sociopathe », selon ses dires. C’est plutôt elle qui aurait dû être accusée, a laissé entendre le père pendant son interrogatoire policier.

La procureure de la Couronne, MLouise Blais, a demandé l’incarcération immédiate de l’accusé, mais le juge Perreault a refusé, comme l’accusé ne s’était pas préparé à cette possibilité.

L’accusé s’est défendu seul, mais MStephen Angers a agi comme « amicus curiae » pour l’assister pendant le procès. Un rapport présentenciel avec volet psychiatrique a été demandé par la cour. Les observations sur la peine sont prévues en décembre prochain.