Un chercheur québécois reconnu mondialement est accusé d’avoir battu et agressé sexuellement une femme à de multiples reprises dans un contexte conjugal. Spécialiste en gestion du temps et en bien-être, Brad Aeon était jusqu’à tout récemment professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

BBC News, Harvard Business Review, The Guardian, etc. Cité régulièrement dans les plus grandes publications du monde, le chercheur montréalais de 33 ans connaît un enviable début de carrière universitaire. Son « TED Talk » sur la « philosophie de la gestion du temps » donné à l’Université Concordia avait été vu en ligne plus d’un demi-million de fois.

L’UQAM se félicitait d’ailleurs à la fin de juillet d’une entrevue donnée par le professeur au prestigieux magazine américain The Atlantic. Son nom a depuis disparu de la publication uqamienne.

Or, Brad Aeon avait déjà comparu en avril dernier au palais de justice de Montréal pour faire face à un chef d’accusation de voies de fait à l’égard d’une femme, déposé par voie sommaire, donc de moindre gravité. Les gestes auraient été commis dans un contexte conjugal.

Mais jeudi, quatre nouvelles accusations ont été déposées contre le chercheur. Selon le mandat d’arrêt, Brad Aeon est accusé d’avoir agressé sexuellement à « plusieurs reprises » une femme entre le 1er mai 2021 et le 28 février 2022 à Montréal. On lui reproche aussi de s’être livré à des voies de fait à « plusieurs reprises » contre la même femme et de lui avoir ainsi infligé des blessures. Il s’agit de la même plaignante que dans le premier dossier.

L’UQAM avare de détails

Pourtant visible jeudi après-midi, la page du professeur Aeon sur le site web de l’université avait disparu vendredi matin à la suite de notre demande d’entrevue. « Cette personne n’est plus à l’emploi de l’UQAM et n’enseigne donc plus chez nous », a commenté vendredi Jenny Desrochers, porte-parole de l’UQAM.

L’UQAM refuse d’en dire plus sur les circonstances du départ de Brad Aeon en prétextant la confidentialité de son dossier d’employé. Impossible également de confirmer si une plainte a été déposée à l’UQAM dans cette affaire.

« L’UQAM pratique la tolérance zéro pour toute forme de violence. Les politiques de l’Université sont claires et étoffées en matière de harcèlement et de violences à caractère sexuel », s’est limitée à dire Mme Desrochers.

Brad Aeon était professeur à l’UQAM depuis juillet 2021, selon son compte LinkedIn. Le printemps dernier, l’enseignant donnait un cours en « Gestion du changement » au sein du département d’organisation et ressources humaines de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

Ses domaines d’expertise à l’UQAM étaient « le bien-être », le « rapport au temps » et la « conciliation travail-vie privée ». Il a notamment dirigé l’Institut de recherche sur la gestion du temps, puis a récemment lancé sa propre entreprise dans ce domaine.

Brad Aeon a donné un cours à l’Université Concordia à l’automne 2018 pendant qu’il terminait son doctorat. L’hiver dernier, il y a présenté quatre conférences sur la gestion du temps. Il n’enseigne toutefois plus à l’Université Concordia, a confirmé une porte-parole de l’établissement d’enseignement.

La devise de Brad Aeon sur Facebook : « Je vais toujours avoir du temps pour vous [I’ll always have time for you] ». Jeudi encore, le chercheur résumait sur sa page Facebook une récente étude sur l’impact des téléphones intelligents dans nos vies.

Interpellé par La Presse à sa résidence, Brad Aeon n’a pas souhaité commenter. Il doit revenir en cour le 22 septembre. Son avocat, MAdam Ginzburg, a également préféré réserver ses commentaires.

Même mutisme du côté du Service de police de la Ville de Montréal, où on affirme ne pas commenter les dossiers d’agression sexuelle.