Brûlures de cigarette, arme à feu braquée sur la tête, coups de ceinture. Un Montréalais qui espérait la clémence du juge pour éviter son expulsion a plutôt été condamné à 30 mois de prison pour des sévices « particulièrement cruels et humiliants » infligés à une nouvelle arrivante vulnérable. Houssam Mirzak s’était aussi moqué de ses conditions « très contraignantes » de remise en liberté en violentant la victime.

« [La victime] est prisonnière du cycle de la violence conjugale. Les crimes commis par le délinquant ont pour but de la contrôler et de la dominer. Il cherche également par cette violence à obtenir la soumission de la victime. Non seulement il la bat avec ses mains et ses pieds, il la brûle avec une cigarette, la frappe à coup de ceinture pour finalement lui braquer une arme près de la tête en la menaçant », détaille le juge Alexandre Dalmau dans sa décision rendue le 8 septembre dernier.

Houssam Mirzak a été reconnu coupable de 18 chefs d’accusation en mai dernier.

Entre août et novembre 2021, l’homme de 22 ans a sévèrement battu sa copine, une jeune femme « particulièrement vulnérable » en raison de son statut migratoire précaire. Il a également frappé une amie de sa conjointe.

Dans un premier évènement, à la fin d’août, Houssam Mirzak tire les cheveux de la victime et la frappe au visage près de l’oreille avec sa main fermée. Les épisodes de violence sont ensuite réguliers et ne cessent de s’intensifier. Une fois, Houssam Mirzak prend un couteau, le dépose sur la table et dit à la victime : « Tu sais ce que je peux faire avec cela. »

Malgré tout, la jeune victime aimait l’accusé et croyait que les gestes violents cesseraient. Ça n’a pas été le cas. À la fin de septembre, la jeune femme croit sa dernière heure venue. Houssam Mirzak la prend par les cheveux, la frappe avec ses mains, puis brandit une arme à feu : « Tu vas voir ce qui va arriver si quelqu’un arrive par la porte. »

La victime réussit alors à prendre contact avec les policiers en prévenant quelqu’un par message texte. Houssam Mirzak sort son arme à feu et la pointe en direction de la tête de la victime. Les policiers interviennent alors et constatent que l’arme ne tire que du plomb, mais ressemble à une véritable arme de poing.

Libéré malgré tout

Malgré la gravité des accusations, Houssam Mirzak est libéré sous de très strictes conditions. Il viole néanmoins « allègrement » celles-ci en voyant la victime tous les jours, puis en commettant d’autres voies de fait. De retour en prison, il continue de lui téléphoner.

Arrivé à 15 ans du Maroc, Houssam Mirzak risque maintenant d’être expulsé du Canada. En mai dernier, le résident permanent a été condamné à 60 jours de prison pour agression armée et harcèlement criminel. Il fera vraisemblablement l’objet d’une « interdiction de territoire ». Pour éviter de perdre son droit d’appel pour cette mesure de renvoi, la défense demandait une peine de six mois de prison moins un jour, alors que la Couronne réclamait 36 mois d’emprisonnement.

Le juge Dalmau a considéré de nombreux facteurs aggravants pour justifier cette peine sévère : le contexte conjugal, la volonté de soumettre et dominer la victime, la répétition et la gravité des gestes, la vulnérabilité de la victime. Une peine de moins de six mois minerait de plus la confiance du public, analyse le juge.

« Les tribunaux […] ne cessent de rappeler comment la violence envers les partenaires intimes est un problème sociétal important. Dans la plupart des cas, les objectifs de dénonciation et de dissuasion doivent être priorisés », fait valoir le juge.

MPhilippe Vallières-Roland a représenté le ministère public, alors que MAlexandra Semillé a défendu l’accusé.