Un homme de 33 ans cible un bureau d’avocats

Un criminel endurci en liberté conditionnelle qui avait mis le feu au bureau d’une avocate criminaliste en 2020 a été condamné cette semaine à cinq ans de détention, une peine « relativement clémente ». Khodr Kanaan exécutait un « contrat » pour un mystérieux commanditaire.

« Nul ne peut ignorer que lancer un cocktail Molotov vers le bureau d’une avocate criminaliste est un geste d’intimidation envers cette avocate », a conclu mardi la juge Mélanie Hébert au palais de justice de Montréal.

Un an après son arrestation, le Longueuillois de 33 ans a plaidé coupable le mois dernier à des chefs d’incendie criminel posant un danger pour la vie humaine, de possession de matière incendiaire et de possession de substances explosives alors que cela lui était interdit.

La cible de Khodr Kanaan était un bureau d’avocats situé au 500, place d’Armes, à Montréal. Cette tour de bureaux abrite les locaux de plusieurs des avocats criminalistes les plus en vue du Québec. Une ordonnance de non-publication nous interdit toutefois d’identifier la victime, ce qui est inhabituel pour une telle infraction.

La veille du crime, Khodr Kanaan a d’abord fait du repérage sur les lieux, accompagné d’un cousin. Puis, le lendemain, le 6 novembre 2020, l’incendiaire est retourné sur place et a lancé un cocktail Molotov devant le bureau d’avocats. Heureusement, l’incendie a été rapidement maîtrisé, puisque des employés d’entretien ménager ont donné l’alerte.

Les preuves contre Khodr Kanaan, alias Wassim Awan, étaient accablantes. Non seulement un briquet avec des traces de son ADN a été retrouvé sur le sol, mais en plus, son bracelet GPS semble confirmer sa présence sur les lieux. Sans compter les vidéos de caméras de surveillance.

Khodr Kanaan affirme avoir rempli ce « contrat », parce qu’il devait de l’argent à un autre résidant de la maison de transition qu’il craignait. Une version rejetée par la juge Hébert qui ne croit pas que l’accusé était un « simple exécutant ». La juge croit cependant que l’accusé remplissait un « contrat », puisqu’il n’avait aucun lien avec la victime. L’identité du commanditaire du crime n’est pas précisée dans la décision.

Impliqué dans une autre affaire

À l’époque, Khodr Kanaan profitait depuis plus de deux ans d’une libération conditionnelle et résidait dans une maison de transition. Il avait été libéré d’office en 2018 après avoir purgé huit ans de pénitencier dans une affaire extrêmement violente de violation de domicile à Waterville en 2010.

Khodr Kanaan et ses complices avaient prétexté faire un sondage pour s’introduire chez un homme et le ligoter. Pendant deux heures, les assaillants avaient fait vivre un cauchemar à l’homme en le frappant à coups de pied, de chaise et d’armes à feu. Ils avaient même menacé de lui couper les doigts et de le tuer.

Le fait d’avoir visé le bureau d’une avocate criminaliste est un facteur « aggravant » dans cette affaire, estime la juge Mélanie Hébert.

Un tel crime ébranle en effet le sentiment de sécurité des avocats et a des conséquences sur l’ensemble de la communauté juridique, conviennent la Couronne et la défense.

Pour le chef d’incendie criminel, la défense suggérait deux ans et demi de prison, une peine « beaucoup trop clémente », selon la juge. Celle-ci a plutôt retenu la peine de quatre ans proposée par la Couronne. Bien que « relativement clémente », cette suggestion « apparaît plus juste », soutient la juge. Une peine d’un an s’ajoute pour un autre chef.

La peine globale s’élève à cinq ans d’emprisonnement, moins une période de 18 mois de détention préventive.

MMichael Bourget a représenté le ministère public, alors que l’accusé était défendu par MNoémie Tellier.