La femme arrêtée pour le meurtre d’une octogénaire commis à la fin octobre dans une résidence pour personnes âgées de Montréal souffrirait de graves problèmes mentaux et aurait choisi au hasard sa victime, dont l’appartement était situé au rez-de-chaussée et dont la porte-patio donnait sur la rue.

De plus, le jour même du meurtre, le 20 octobre, vraisemblablement avant que le crime soit commis, elle aurait été transportée à l’hôpital Santa Cabrini, dont les urgences se trouvent à 300 mètres de l’appartement de la victime.

C’est ce que La Presse a pu apprendre de diverses sources dans la foulée de l’apparition de l’accusée, Élise Quenneville-Proulx, au palais de justice de Montréal vendredi après-midi.

Élise Quenneville-Proulx, 34 ans, une résidante de l’arrondissement de Lachine, est accusée du meurtre non prémédité de Rolande Ducharme, 81 ans.

Elle est apparue en visioconférence depuis le centre opérationnel est du SPVM, mais sa comparution a été reportée au 14 novembre, car son avocate, MAudrey Amzalag, a demandé et obtenu que sa cliente subisse une évaluation psychiatrique d’au moins cinq jours à l’Institut Philippe-Pinel « pour déterminer son aptitude à comparaître », a ordonné le juge Yves Paradis, de la Cour du Québec, sous l’œil hagard de l’accusée.

Mort suspecte

D’après nos informations, ce sont des membres de la famille de Mme Ducharme, inquiets de ne pas avoir de ses nouvelles, qui auraient alerté, le soir du 22 octobre dernier, la direction de la RPA où habitait l’octogénaire, la Cité des retraités NDF, située à l’angle des rues de Pontoise et Beaubien Est, dans le quartier Rosemont.

Lorsque les employés de la résidence se sont présentés dans l’appartement de la victime, ils l’ont trouvée inconsciente.

Les techniciens d’Urgences-Santé se sont ensuite présentés sur les lieux et ont constaté son décès.

La cause de la mort n’a pas été établie sur place. Le décès a d’abord été considéré comme suspect et le corps a fait l’objet d’un examen par un pathologiste et un coroner. Ceux-ci ont ensuite conclu à un meurtre et ont transféré le dossier aux enquêteurs des Crimes majeurs du SPVM.

À l’hôpital le jour même

Selon l’acte d’accusation, le crime aurait été commis le 20 octobre, le jour même où l’accusée aurait été admise à l’hôpital Santa Cabrini, selon nos sources, et environ 48 heures avant la découverte du corps de Mme Ducharme.

La Presse s’est rendu à l’hôpital Santa Cabrini, où les employés du bureau d’admission n’ont pas voulu confirmer que la suspecte aurait été admise dans l’établissement, précisant que l’information demeure confidentielle, sauf pour ses proches.

Mme Ducharme aurait été tuée à coups d’objet tranchant ou contondant, d’après nos renseignements.

Selon nos informations, la suspecte ne connaissait pas la victime, et tout indique qu’il s’agit d’un meurtre commis de façon aléatoire.

La personne qui a commis le crime aurait profité du fait que la chambre de Mme Ducharme se trouve au premier étage, et que sa porte-patio donne sur la rue, pour s’introduire dans la chambre.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

À gauche, la porte-patio de l’appartement de Mme Ducharme devant laquelle une gerbe de fleurs a été déposée.

On ignore comment les enquêteurs sont parvenus à relier la suspecte au meurtre.

Une femme distinguée

Huguette Crète a perdu une voisine qu’elle côtoyait depuis les six dernières années, une femme « distinguée, gentille et polie ». Rolande Ducharme était reconnue par les résidants de la Cité des retraités NDF comme une femme généreuse qui prenait soin de sa mère âgée de 104 ans. « Elle, c’était sa mère, le bénévolat et sa mère », mentionne l’octogénaire.

Le meurtre, qui s’est produit à deux portes de chez elle, l’a bousculée. « Le premier soir, j’étais dans mon sofa et je n’étais pas capable de dormir », précise la dame. Vendredi soir, assise à la table de sa salle à manger, elle confirmait faire maintenant plus attention à ses portes, de crainte qu’un inconnu entre.

Je laissais mes portes ouvertes pour aller prendre une marche, maintenant, je barre toujours mes portes.

Huguette Crète, voisine de la victime

Les employés du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) ont rencontré les résidants de la Cité au cours de la semaine pour les « sécuriser », souligne Thérèse Desrochers, également résidante de l’établissement. Elle confirme que « beaucoup de personnes ont mentionné que ce serait bien qu’il y ait [plus] de caméras de surveillance » autour de la résidence. À l’heure actuelle, seulement l’entrée principale, le grand salon et des corridors sont sous surveillance, indique-t-elle.

La Cité des retraités NDF est divisée en plusieurs sections toutes fermées à clé et accessibles aux résidants seulement. Les visiteurs doivent passer par l’entrée principale pour entrer dans le bâtiment, avec une autorisation. Sur place, l’administration de la Cité n’a pas voulu répondre aux questions de La Presse.

Élise Quenneville-Proulx a un antécédent criminel. En février 2021, dans le district de Sherbrooke, elle a été reconnue coupable d’un chef de menaces et a reçu une absolution conditionnelle assortie d’une période de probation de deux ans, qui devait donc prendre fin en février prochain.

Le meurtre de l’octogénaire est le 32commis cette année sur l’île de Montréal.

Avec cette nouvelle affaire, ce serait quatre victimes de meurtres qui auraient été assassinées au hasard, par une personne souffrant de troubles mentaux, cette année à Montréal.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.