Un Lavallois qui possédait 280 000 images de pornographie juvénile, des photos d’enfants de 5 à 12 ans, pourrait passer sept ans et demi derrière les barreaux. L’homme de 38 ans a récidivé quelques mois après sa remise en liberté.

« Il y a des choses très, très préoccupantes dans ce dossier-là. […] En termes de nombres d’images, de fichiers, c’est majeur », a déclaré la juge Yanick Laramée lors d’une audience lundi, jugeant le dossier « très troublant ».

Mathieu Meilleur a plaidé coupable de possession, production et distribution de pornographie juvénile en avril 2022. La défense et la Couronne se sont entendues pour demander une peine de sept ans et demi de prison.

Au palais de justice de Laval lundi, la juge a indiqué vouloir suivre la suggestion des deux parties, mais a déclaré avoir besoin de plus de temps pour prendre connaissance des documents déposés par la Couronne. La décision concernant la peine sera rendue le 17 avril.

Des centaines de milliers d’images

Depuis 2014, Mathieu Meilleur téléchargeait et consommait de la pornographie juvénile, et ce, « presque tous les jours ». « La recherche de ce type de contenu est devenue omniprésente dans sa vie », a déclaré la procureure de la Couronne, MClaudia Ossio.

L’homme a été arrêté en 2019 après avoir demandé d’obtenir des images de pornographie juvénile à ce qu’il croyait être la mère d’une enfant de 8 ans. Il s’agissait plutôt d’une opération d’infiltration policière virtuelle.

Pendant près d’un an, l’équipe d’enquêtes sur l’exploitation sexuelle des enfants sur l’internet de la Sûreté du Québec a épluché les fichiers de l’accusé. Au total, 280 000 images et 16 000 vidéos de fillettes âgées de 5 à 12 ans ont été trouvées.

« On parle d’un travail incommensurable d’analyses informatiques […]. Ce n’est pas encore terminé », a indiqué la procureure, MOssio.

Malgré le nombre imposant de fichiers trouvés, la Couronne a noté une « absence de considération et de compassion pour les enfants » de la part de l’accusé. Selon lui, « ce ne sont que des images », a indiqué MOssio en audience.

« Les accusés qui font ce genre d’infractions là pensent qu’il n’y a pas de victimes, parce qu’on est virtuellement, mais le grand malheur, c’est qu’il y a des enfants au bout du fil qui sont abusés sexuellement et qui subissent une torture incroyable », a déclaré la juge Yanick Laramée.

Risque de récidive « au-dessus de la moyenne »

Après son arrestation en 2019, Mathieu Meilleur a récidivé cinq mois plus tard, alors qu’il était en remise en liberté. Il se trouvait alors sous la supervision de ses parents. « Il a réussi à découvrir le mot de passe [internet] de son frère, aller s’acheter une tablette électronique et accéder à de la pornographie juvénile », a détaillé MOssio.

Par ailleurs, lors de sa mise en liberté, Mathieu Meilleur s’était engagé à ne pas posséder ou consommer de boisson alcoolisée ni de drogues, ce qu’il n’a pas respecté. Il a été accusé de non-respect d’engagement et est détenu depuis le 10 août 2020.

À l’heure actuelle, M. Meilleur présente toujours un risque de récidive au-dessus de la moyenne. « Il y a un risque de récidive qui me préoccupe beaucoup », a indiqué la juge, ajoutant que « le jour où il va sortir du pénitencier, il ne faut pas que ça se reproduise ».

En fin d’audience, Mathieu Meilleur a dit avoir « hâte de commencer [sa] thérapie au pénitencier et de passer à autre chose ».

Pour sa part, l’avocat de la défense, Pierre Joyal a qualifié la peine de sept ans et demi de « significative » et « raisonnable », ajoutant que son client manifeste « un désir sincère de vouloir corriger son comportement ». « Je dois vous dire que M. Meilleur, ce n’est pas un monstre, il est somme toute attachant », a-t-il déclaré.