Les enquêteurs de l’Escouade nationale de répression du crime organisé ont poursuivi mercredi matin leurs perquisitions visant des individus influents du crime organisé montréalais soupçonnés de trafic de stupéfiants.

Il s’agit de la deuxième phase de cette opération après les perquisitions effectuées la semaine dernière dans les résidences de six individus, dont les Hells Angels de la section de Montréal Martin Robert, Stéphane Plouffe et Michel Lamontagne, et leur associé, l’ex-membre de la mafia montréalaise Francesco Del Balso.

Une entreprise de fruits et légumes de Montréal, une résidence et deux bureaux de professionnels à Boisbriand et à Laval ont été visités par les enquêteurs mercredi matin.

Plus de 35 policiers ont participé à l’opération.

L’entreprise Dix Étoiles Fruits et Légumes est située rue Jean-Pratt, dans le secteur du croisement des autoroutes 40 et 15, à Montréal.

Comme la semaine dernière, les enquêteurs étaient à la recherche d’éléments de preuve et aucune arrestation n’était prévue.

Selon la police, Dix Étoiles Fruits et Légumes, où Francesco Del Balso a travaillé durant sa libération conditionnelle vers la fin des années 2010, serait contrôlée par ce dernier et par le Hells Angel Martin Robert.

L’endroit serait également un lieu de rencontre pour des membres du crime organisé montréalais.

En janvier 2019, Del Balso, qui purgeait toujours une peine de 15 ans à la suite de son arrestation dans le cadre de l’opération Colisée en 2006, avait témoigné devant un commissaire aux libérations conditionnelles et confirmé avoir voulu développer une route de distribution de fruits et légumes à Kuujjuaq et dans le Grand Nord québécois, « comme si la compagnie pour laquelle il travaillait lui appartenait », avait toutefois déploré son agent de libération avec lequel le lien de confiance était visiblement brisé.

La police soupçonne depuis longtemps des membres de groupes criminels de Montréal d’utiliser des entreprises de fruits et légumes pour importer de la cocaïne, d’autres drogues et des marchandises illicites dans la province.

Le comptable

L’un des deux professionnels visés par des perquisitions mercredi matin est le comptable Mario Lepore, dont la résidence, à Boisbriand, au nord de Montréal, a reçu la visite de la police.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La résidence du comptable Mario Lepore a fait l’objet d’une perquisition.

Le nom de Lepore est revenu quelques fois depuis plusieurs années lorsqu’il était question d’enquêtes visant des motards.

Durant l’enquête Pacson, visant le Hells Angel de Montréal David Lefebvre en 2019, les enquêteurs de l’Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO) avaient observé un suspect qui se rendait dans les bureaux de Mario Lepore. Ce dernier n’avait toutefois pas été arrêté ni accusé.

Durant les années 2000, la société à numéro d’un membre des Hells Angels de la section South a déjà été enregistrée à l’adresse de bureau de Mario Lepore.

Le 12 septembre 1995, en pleine guerre des motards, une bombe avait fait voler en éclats la terrasse du bar Le Harley à Boisbriand, où était attablé Mario Lepore, et ce dernier avait été sérieusement blessé et amputé d’une jambe.

Peu après l’attentat, une équipe de la salle de nouvelles de TQS avait fait une entrevue avec lui, sur son lit d’hôpital, et les explications de Mario Lepore laissaient croire qu’il aurait pu avoir déclenché la bombe lui-même, malgré lui, en utilisant son téléphone cellulaire.

Mais l’enquête policière qui a suivi avait démontré que l’attentat était l’œuvre des Dark Circle, alliés des Rock Machine, et que la bombe avait été actionnée à distance par un individu posté à proximité. Deux engins explosifs avaient été placés sous la terrasse ou à proximité, mais un seul avait explosé.

Selon un article de La Presse, Lepore a été condamné à une amende de 25 000 $ en 1994 pour une fraude de plus d’un million de dollars commise alors qu’il était gérant d’une caisse populaire.

En plus de cette enquête en cours baptisée Ravager concernant le trafic de stupéfiants, Francesco Del Balso fait l’objet d’une autre enquête pour une tentative de meurtre contre Leonardo Rizzuto, fils cadet de l’ancien parrain de la mafia montréalaise, survenue à la mi-mars à Laval.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Francesco Del Balso lors de son arrestation dans le cadre de l’opération Colisée, le matin du 22 novembre 2006

Son passeport et son téléphone cellulaire ont été saisis.

Depuis que la Cour suprême a prononcé en 2016 l’arrêt Jordan, qui limite les délais judiciaires, la police multiplie les perquisitions en cours d’enquête pour bâtir sa preuve et pour que les procureurs soient prêts à la divulguer en totalité dès l’arrestation et la comparution des suspects.

L’ENRCO, chapeautée par la Sûreté du Québec, a pour mandat de s’attaquer aux têtes dirigeantes du crime organisé.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.