Procès pour le meurtre de Frantz Louis Un assassinat commis en plein jour devant plusieurs témoins

L’assassinat en pleine rue d’une figure importante du monde interlope a été résolu en partie grâce à la présence de nombreux témoins à la maison en raison du confinement pandémique. Le meurtre de Frantz Louis, tiré à six reprises dans son véhicule, a été commis sous le regard d’une citoyenne.

C’est ce que le procureur de la Couronne, M^e Philippe Vallières-Rolland, a raconté au jury mercredi matin à l’ouverture du procès d’Emanuell Hunte Roberts et Andrew Thomas Labrèche au palais de justice de Montréal.

Les deux hommes sont accusés du meurtre au premier degré de Frantz Louis, décrit par la Couronne comme une « importante figure » de la criminalité à Montréal. Selon la théorie de la poursuite, Emanuell Hunte Roberts a fait feu sur la victime, alors que son complice Andrew Thomas Labrèche conduisait le véhicule de fuite.

L’assassinat a eu lieu le matin du 19 novembre 2020, près de l’intersection des rues Fabre et Villeray, dans le quartier Villeray, à Montréal. La poursuite allègue que le tireur est sorti d’un véhicule conduit par son complice, a traversé la rue à pied, puis a tiré six balles sur Frantz Louis, assis dans sa voiture.

« Après avoir tiré, Hunte a pris ses jambes à son cou. Il est rapidement rentré dans le véhicule, y laissant des empreintes digitales. Cette erreur a permis aux enquêteurs de le retracer », a expliqué dans sa déclaration d’ouverture M^e Vallières-Rolland, qui fait équipe avec M^e Claude Berlinguette-Auger.

Mais c’était sans compter sur la vigilance des citoyens, nombreux à assister à la fuite des accusés. Un témoin a ainsi réussi à mémoriser cinq des six symboles de la plaque d’immatriculation du véhicule de fuite. Les policiers ont ainsi pu arrêter Andrew Thomas Labrèche le jour même du meurtre, a souligné M^e Vallières-Rolland.

« Puisque le meurtre a été commis pendant la pandémie, plusieurs personnes travaillaient à la maison. C’est pourquoi il y avait beaucoup de témoins. Une jeune femme a vu le meurtre se produire devant ses propres yeux, à quelques pieds d’elle, alors qu’elle conduisait sur Fabre. Elle va vous raconter cette expérience choquante », a annoncé le procureur.

Le ministère public entend prouver que les deux accusés se sont rencontrés à Châteauguay, trois jours avant le meurtre, afin de planifier leur crime. Puis, le matin fatidique, Hunte a envoyé des messages textes à son complice au sujet de l’intersection « Villeray-Fabre » et du numéro de plaque d’immatriculation du véhicule de la victime.

« La chasse était lancée », a illustré M^e Vallières-Rolland. Des vidéos de surveillance qui seront présentées au jury montrent le véhicule de Labrèche traverser l’intersection Fabre-Villeray, à peine quelques minutes avant le meurtre. On voit ensuite le véhicule repasser au même endroit après le crime. Ils ont ensuite brûlé un arrêt devant des témoins.

Selon la Couronne, peu de temps après le meurtre, Emanuell Hunte Roberts a cherché sur l’internet les noms de la victime et de son complice allégué, ainsi que de l’information sur une fusillade à Montréal. Emanuell Hunte Roberts détenait également un article sur Frantz Louis sur son appareil, entend prouver le ministère public.

Le procès est prévu pour trois semaines devant le juge Alexandre Boucher. M^e Matthew Shadley et M^e Philippe Knerr défendent Labrèche, alors que M^e Morgane Laloum et M^e Mathieu Rondeau-Poissant défendent Hunte.