Le « grand chef » autoproclamé Guillaume Carle a incité un jeune adolescent à avoir une relation sexuelle avec sa propre conjointe, il y a trois décennies. Un jury a pris à peine quelques heures pour le reconnaître coupable sur toute la ligne, la semaine dernière, au terme d’un procès passé sous le radar.

L’homme de 62 ans a ainsi été déclaré coupable de contacts sexuels avec un mineur, d’incitation à des contacts sexuels et d’agression sexuelle avec la participation d’une tierce personne, le 28 mars dernier, au palais de justice de Gatineau. Il risque une importante peine de prison.

Guillaume Carle a fait les manchettes dans les dernières années en se présentant comme le « grand chef » de la Confédération des peuples autochtones du Canada, une organisation qui n’est pas reconnue par les Premières Nations. Plusieurs leaders l’ont d’ailleurs dénoncé comme étant un usurpateur de l’identité autochtone.

Une enquête de La Presse en 2018 avait révélé que Guillaume Carle vendait à quiconque de fausses cartes d’Autochtones lesquelles permettaient soi-disant à leur titulaire de faire valoir des droits ancestraux en matière de taxes et de chasse. Des étrangers avaient même réussi à obtenir cette carte.

Dans cette affaire, il fait face à une série de chefs d’accusation, dont fraude, utilisation de documents contrefaits et possession d’arme à feu. Son enquête préliminaire est prévue le mois prochain au palais de justice de Gatineau.

Mais les évènements au cœur de son procès pour agression sexuelle sont bien antérieurs au dossier de fraude, puisqu’ils sont survenus vers 1988, alors que Guillaume Carle avait 28 ans. La victime, âgée de 12 ou 13 ans, était un garçon de son entourage, avec qui l’accusé entretenait un lien de confiance.

Une ordonnance de la cour protège l’identité de la victime.

Un soir, Guillaume Carle et sa conjointe – laquelle n’a jamais été retrouvée – ont agressé sexuellement la victime. Selon la preuve présentée au procès, le garçon a eu une relation sexuelle complète avec pénétration avec la femme, sous le regard de Guillaume Carle. Ce dernier a ensuite donné une tape sur les fesses de la victime pour l’inciter à partir. Il a ensuite eu une relation sexuelle avec sa conjointe.

« Guillaume Carle va être celui qui va inciter la victime à aller dans la chambre et à faire les gestes [de nature sexuelle] », a expliqué à La Presse la procureure de la Couronne MAndrée-Anne Tremblay. « La victime ne pouvait pas consentir en raison de son âge », a rappelé la procureure.

Deux décennies plus tard, la victime a affronté Guillaume Carle dans un appel téléphonique déposé en preuve. Lors de cet appel, l’accusé a confirmé que la relation avait eu lieu et confirmé l’âge de la victime au moment des faits. C’est finalement en 2019 que la victime a porté plainte.

Guillaume Carle n’a pas présenté de défense pendant le procès. Par ailleurs, les délibérations ont été brèves : séquestré en fin de matinée, le jury a rendu un verdict de culpabilité en début d’après-midi. Un rapport présentenciel a été demandé en vue des observations sur la peine. Le dossier retournera en cour en juin prochain.

Notons qu’en 2021, Guillaume Carle a bénéficié d’une absolution conditionnelle après avoir été déclaré coupable de menaces à l’égard de deux agents de la paix. Selon le journal Le Droit, Carle avait menacé de casser les jambes d’un constable spécial et avait lancé à un policier de la Sûreté du Québec qu’il se retrouverait dans « une boîte de bois » s’il allait chez lui.