Un homme qui a « volé l’enfance » d’une adolescente en l’agressant sexuellement à de multiples reprises pendant deux ans a été reconnu coupable sur toute la ligne par un jury, mardi, après sept jours de délibérations. Miguel Antonio Abarzua Poblete encourt une importante peine de prison.

« Mes pensées vont à la plaignante qui a démontré un extrême courage – elle n’a que 16 ans – en dénonçant [son agresseur] et en faisant face au système judiciaire dans un procès devant jury », a insisté en entrevue la procureure de la Couronne MNadine Haviernick, qui a fait équipe avec MHussein Hassan pendant le procès.

« Après son témoignage, elle était tellement fière d’elle. Comme si elle réalisait qu’elle est capable de grandes choses », a souligné MHaviernick. Une ordonnance de la cour protège l’identité de la victime.

Le jury a ainsi déclaré Miguel Antonio Abarzua Poblete coupable des trois chefs d’accusation : agression sexuelle, contacts sexuels et incitation à des contacts sexuels d’une mineure. Libre pendant le procès, le Montréalais de 42 ans a été incarcéré immédiatement après le verdict.

Du courage, Victoria* devait en avoir pour confier son calvaire devant 12 jurés, des avocats et le personnel de cour.

Au début du procès, l’adolescente a raconté avec de nombreux détails les sévices extrêmement dégradants subis pendant deux ans aux mains de cet homme de confiance de son entourage.

Elle avait à peine 11 ans à l’époque. « On m’a volé mon enfance », avait soufflé l’adolescente.

Certaines agressions étaient particulièrement scabreuses, dont un épisode de pénétration anale dans le garage où travaillait l’accusé. « Il m’a dit : “Lève-toi”. Il m’a poussée vers la table. […] Ça faisait mal. Je voulais qu’il arrête. Il disait que j’étais faible. Il disait : “C’est rien, tu vas t’habituer” », avait confié Victoria.

Puis, à 12 ans, après avoir subi de nombreuses agressions, Victoria a « perdu sa virginité » aux mains de son bourreau. Un évènement « célébré » par Miguel Antonio Abarzua Poblete, qui a alors sommé la victime de garder leur « secret » jusqu’à « sa tombe ». Pendant les mois qui ont suivi, Victoria a été agressée régulièrement par l’accusé, qui lui a demandé d’apprendre plusieurs « poses » sexuelles.

L’accusé a nié les faits reprochés

Au procès, Miguel Antonio Abarzua Poblete a fermement nié avoir agressé sexuellement la victime. Il l’a plutôt accusée de l’avoir menacé de déposer une fausse plainte contre lui s’il refusait de payer une opération de chirurgie esthétique. « Tu as jusqu’à demain pour me donner une réponse, sinon je vais ruiner ta vie », lui aurait lancé la plaignante, selon l’accusé.

Miguel Antonio Abarzua Poblete plaidait également qu’une maladie l’empêchait d’avoir plus d’une relation sexuelle par mois à l’époque. Sa défense n’a vraisemblablement pas suscité de doute raisonnable dans l’esprit du jury.

Par ailleurs, les jurés ignoraient que Miguel Antonio Abarzua Poblete avait été accusé en 2019 dans un autre dossier d’agression sexuelle sur une mineure. Avant le procès devant jury, la Couronne avait tenté de faire admettre une preuve de « faits similaires » en raison de la très grande similitude entre les deux cas, mais le juge avait refusé.

Le ministère public alléguait que les deux adolescentes ne se connaissaient pas et que les évènements étaient « si contemporains qu’ils se chevauchent sur une période d’environ un an et demi ». De plus, les deux adolescentes avaient reçu des « récompenses » de la part de l’homme en « échange » des actes sexuels.

Autre dossier

Dans le dossier de 2019, Miguel Antonio Abarzua Poblete avait toutefois été acquitté, puisque le ministère public n’avait pas offert de preuve. Il avait alors signé un « 810 », un engagement à ne pas troubler l’ordre public.

Selon la Couronne, Miguel Antonio Abarzua Poblete aurait agressé sexuellement la fillette pendant six ans. La première agression aurait eu lieu quand elle avait seulement 10 ans, en 2012. « Il a baissé son pantalon à lui et le sien, et a frotté son pénis sur la vulve de [la plaignante], alors qu’elle est à quatre pattes », décrit-on dans la requête.

Miguel Antonio Abarzua Poblete aurait agressé la plaignante une dernière fois en 2019, alors qu’elle avait 16 ans. À l’époque, l’adolescente avait des « dettes » envers lui. « Les abus ont été nombreux, incluant des évènements de pénétration, au moins une fois par semaine pendant plusieurs années », relate le sommaire des faits.

À une reprise, elle aurait été agressée dans le garage où travaillait Miguel Antonio Abarzua Poblete. C’est d’ailleurs dans ce même garage que Victoria a raconté au jury avoir subi une agression extrêmement brutale à l’âge de 11 ans.

Les observations sur la peine sont prévues à la fin du mois devant le juge Pierre Labrie. MMarc Labelle et MClaudia Doyle défendent l’accusé.

* Prénom fictif