Un agent du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) accusé avec un collègue d’avoir séquestré, menacé et battu un sans-abri en 2010 a nié sur toute la ligne vendredi avoir commis de tels crimes.

« Je n’ai pas menacé M. Levasseur avec une arme à feu, je ne lui ai pas écrit dans la face, je ne l’ai pas insulté, je ne lui ai pas mis un sac sur la tête, je ne suis pas allé au poste de quartier 20. Toutes les allégations de nature criminelle, je ne les ai pas faites », a affirmé Patrick Guay, qui témoignait pour sa défense vendredi au palais de justice de Montréal.

L’agent Patrick Guay et son coaccusé, l’agent Pierre-Luc Furlotte, font face à de très sérieuses accusations criminelles. Le plaignant, Tobie-Charles Angers-Levasseur, un sans-abri du centre-ville de Montréal, maintient que les deux policiers du SPVM l’ont entre autres menacé avec une arme à feu, le soir du 31 mars 2010.

Tobie-Charles Angers-Levasseur a témoigné, en novembre dernier, avoir été interpellé par les deux accusés, après avoir jeté un arbuste décoratif sur le bord du trottoir, au centre-ville de Montréal. Le plaignant soutient avoir été menotté, puis insulté par les deux policiers qui l’auraient incité à se lancer « en bas d’un pont ». « Tu rendrais service à tout le monde. »

La soirée d’horreur du plaignant se serait poursuivie. Selon son récit, les deux agents lui auraient recouvert le visage avec un sac poubelle, en plus de l’asperger avec du Windex. « Un sac poubelle va faire l’affaire pour une poubelle comme toi », lui aurait dit l’un des agents.

Les accusés l’auraient finalement conduit à Sainte-Anne-de-Bellevue, sur le bord de l’autoroute 40. Avant d’être relâché, le plaignant aurait entendu un bruit de pistolet, puis une « pression » derrière la tête. Les deux policiers lui suggéraient alors de l’aider à se suicider, puisqu’il n’en était pas capable, a-t-il raconté.

Pour sa défense, Patrick Guay a brossé un portrait bien différent de cette soirée. À son arrivée sur les lieux, son superviseur lui a confié le plaignant, déjà menotté. Il décrit celui-ci comme étant « agité, agressif et intoxiqué » dans le véhicule de patrouille.

Quand il a appris que M. Levasseur ne serait pas accusé de méfaits, pourquoi ne l’a-t-il pas libéré sur-le-champ ? « Je vous rappelle qu’on a encore l’incertitude quant à la possibilité de récidiver », a expliqué Patrick Guay.

Selon l’accusé, c’est le plaignant qui leur a suggéré de le reconduire chez un ami, dans l’Ouest-de-l’Île, lors d’une « discussion » à trois dans le véhicule de patrouille.

« Lorsqu’une personne n’est pas libre de ses mouvements, il est détenu à ce moment-là ? », lui a demandé le procureur de la Couronne MVincent Huet, en contre-interrogatoire.

« Je trouve que la détention, c’est une notion qui est très légale. Je suis policier. J’ai une bonne connaissance du légal. Mais si on y va à la seconde près : à quel moment il était détenu, à quel moment il n’était pas détenu ? À partir du moment où monsieur me dit : “C’est beau, les gars, amenez-moi dans le West Island”, selon mon interprétation de policier, il n’est plus détenu, mais demeure menotté pour les raisons énumérées plus tôt. […] Il devient consentant à aller à un endroit. Il ne demeure pas libre de ses mouvements, mais c’est pour la sécurité de tous », a affirmé Patrick Guay, représenté par MMichel Massicotte.

La défense a conclu sa preuve vendredi.