Un logement de l’est de Montréal a été le théâtre de l’horreur pendant la pandémie. Un pédophile a fait vivre l’enfer à quatre fillettes en les agressant sexuellement l’une devant l’autre à d’innombrables reprises. Une histoire « épouvantable », selon le juge, qui envisage de condamner Elzefar McGurk à 15 ans de prison.

« Pourquoi ? Pourquoi faire ça à une petite fille innocente ? », a soufflé la mère d’une des victimes, dans un témoignage crève-cœur lundi matin au palais de justice de Montréal. « Elle s’est fait prendre son innocence. Elle n’a que 8 ans ! C’est encore un bébé. Mais ton petit jeu terminé, tu resteras en prison très longtemps », a lancé la mère, démolie par la souffrance de sa fille.

Les crimes commis par Elzefar McGurk sont « particulièrement sordides », a résumé le procureur de la Couronne, MJérôme Laflamme, en présentant la suggestion commune : une peine « importante » de 15 ans de détention et une étiquette de délinquant à contrôler, assortie d’une période de surveillance de cinq ans. Son risque de récidive est « élevé », selon les experts.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le procureur de la Couronne, MJérôme Laflamme

Le Montréalais de 28 ans avait plaidé coupable l’an dernier à de nombreux chefs d’accusation, dont contacts sexuels et incitation à des contacts sexuels sur des mineurs, et production et possession de pornographie juvénile. Ses victimes avaient entre 5 et 8 ans au moment des faits en 2021 et 2022. Une ordonnance de la cour protège l’identité des victimes. En raison de cette ordonnance, nous ne pouvons expliquer pourquoi ces enfants se trouvaient dans l’appartement de l’accusé.

Sans entrer dans les détails les plus sordides des agressions, Elzefar McGurk recevait des fellations de la part des enfants et était masturbé par celles-ci. Souvent, d’autres fillettes étaient témoins des agressions. Le prédateur visionnait également de la pornographie juvénile avec ses victimes.

Ces agressions se sont produites si souvent que l’accusé en a « perdu le compte ».

Pornographie juvénile

Elzefar McGurk possédait également une collection de pornographie juvénile, dont une dizaine de vidéos tournées chez lui. Sur celles-ci, l’enquêteur a reconnu deux des quatre victimes.

« Il y a des vidéos où Monsieur pénètre l’enfant. Une autre vidéo, il y a des activités sexuelles qui se déroulent, on remarque un bébé à côté », a relaté MLaflamme en mai dernier.

En salle d’audience, Elzefar McGurk avait vigoureusement nié s’en être pris à une victime de cette façon. « J’en ferai la preuve », avait répliqué le procureur.

En conclusion de cette audience, le pédophile avait dit regretter « sincèrement » ses gestes. « J’ai beaucoup de regrets, je me sens énormément coupable. »

Durant son enquête sur remise en liberté, Elzefar McGurk semblait blâmer en partie son problème d’alcool et sa vie sexuelle « pas complète et satisfaisante avec sa conjointe » pour expliquer ses gestes. « Je veux changer, je veux réparer », avait-il affirmé.

« Monsieur souffre du syndrome de Gilles de la Tourette et d’autres syndromes comme l’autisme », avait évoqué son avocate, MMarie-Hélène Giroux, l’an dernier.

Lundi, Elzefar McGurk n’a pas dit un mot, fixant le sol pendant toute l’audience.

Si Elzefar McGurk s’est fait pincer, c’est grâce au courage d’une adolescente du voisinage qui a alerté les mères des victimes après avoir reçu la confidence d’une des fillettes. L’adolescente craignait alors d’être tuée par l’accusé à sa sortie de prison.

Également, Elzefar McGurk s’en est pris à sa mère par pure vengeance. En février 2021, il a appelé le 911, disant que sa mère avait pointé un pistolet 9 mm en direction de lui et de sa famille. Le Groupe d’intervention tactique était débarqué au domicile de sa mère, éberluée. Il a finalement été déclaré coupable de méfaits pour avoir amené les policiers à lancer une enquête.

Le juge rendra sa décision le 8 mai prochain. Mais déjà, il semblait enclin à entériner la suggestion commune des avocats.