Un chauffard qui a tué un père de famille dans une course de rue à haute vitesse à Montréal rejette la faute sur les rues « vides » pendant la pandémie et la « mauvaise » influence de son complice. La Couronne demande une « sévère » peine de cinq ans contre cet amateur de « sensations fortes ».

« J’ai perdu plus que le père de mon fils, j’ai perdu mon meilleur ami et l’amour de ma vie », a soufflé Victoria Billingy, la conjointe de Kevin Jones-Bynoe, jeudi lors des observations sur la peine d’Ilias El Azali. Le Montréalais de 30 ans a plaidé coupable en décembre dernier de conduite dangereuse causant la mort et de délit de fuite mortel.

Kevin Jones-Bynoe revient chez lui à bord d’un taxi dans le nord de Montréal le 8 novembre 2020, un peu avant 3 h du matin. L’homme de 32 ans at récemment célébré le premier anniversaire de son fils. Au moment de traverser l’intersection de la rue De Salaberry, le taxi est percuté de plein fouet par le véhicule d’Ilias El Azali, qui brûle le feu rouge à toute allure.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE VICTORIA BILLINGY

Kevin Jones-Bynoe et son fils

Les images de la collision déposées en preuve sont d’une extrême violence. Kevin Jones-Bynoe n’a eu aucune chance. L’accusé roulait à plus de 100 km/h dans une zone de 50 km/h, selon un expert. Sa vitesse aurait même atteint 180 km/h, selon un témoin. Il était suivi par un autre véhicule, conduit par une connaissance nommée « Alexandre ».

« [Alexandre] a commencé à accélérer. C’était une mauvaise influence. Ça m’a poussé à accélérer. Ça n’a pas duré longtemps, mais ça a causé l’accident. C’était un manque de jugement. C’était la COVID. Les routes étaient vides », s’est défendu Ilias El Azali, en soulignant à grands traits ses profonds remords.

Après la collision, Ilias El Azali est sorti de son véhicule, puis est monté dans la berline de son complice. Quelques secondes plus tard, il a rebroussé chemin pour aller récupérer un objet dans sa voiture. Au matin, il a dit aux policiers s’être fait voler son véhicule.

Ilias El Azali rejette la faute sur le mystérieux Alexandre. « Il m’a influencé grandement pour prendre la fuite. J’étais en état de choc. Il m’avait bourré la tête », explique-t-il. Si l’accusé n’est pas allé voir les victimes, c’est qu’il croyait que ce n’était pas « si grave que ça ». « Je n’avais pas tous mes esprits », enchaîne-t-il.

La procureure de la Couronne MAnik Archambault souligne de nombreux facteurs aggravants pour justifier l’imposition d’une peine « sévère » de cinq ans, dont le contexte de course de rue et le fait que l’accusé a déjà perdu son permis de conduire pour avoir conduit 90 km/h au-dessus de la limite permise. « Clairement, il a fait fi de cet avertissement », a-t-elle plaidé.

PHOTO FOURNIE PAR LE SPVM

Le véhicule conduit par Ilias El Azali lors de la collision mortelle

La défense réclame une peine de deux ans de détention en raison des « nombreux » facteurs atténuants. MStéphanie Basso a beaucoup insisté sur les remords de son client et son empathie envers la famille de la victime. Son risque de récidive est « faible » et il demeure un actif pour la société, soutient la défense.

Le ministère public demande une interdiction de conduite pendant sept ans, contre quatre ans pour la défense.

Le juge rendra sa sentence le mois prochain.