Des remords sincères et une réhabilitation bien entamée ont permis à un trafiquant de drogue repenti d’éviter une longue peine de prison. Verne Manhertz est condamné à 33 mois de détention pour avoir tué une jeune mère avec son véhicule pendant une transaction de drogue.

La mort d’Amanda Bradley est « tragique et très triste », a déclaré le juge David-Emmanuel Simon mercredi devant de nombreux proches de l’accusé et de la victime dans une salle bondée du palais de justice de Montréal.

La mort de cette femme de 30 ans, mère de deux enfants, n’a étonnamment fait l’objet d’aucune couverture médiatique. Le soir du 14 août 2020, Amanda Bradley rencontre Verne Manhertz pour acheter de la drogue dans la rue Rodney, à Pointe-Claire, dans l’ouest de Montréal. Selon des témoins, un conflit éclate entre les deux.

Pour une raison inconnue, Amanda Bradley monte sur le capot du véhicule de l’accusé et s’accroche à l’un des côtés. Le véhicule démarre en trombe. La femme tombe violemment contre le sol 52 mètres plus loin. Elle mourra trois jours plus tard, seule à l’hôpital, en raison des restrictions liées à la COVID-19. Un cauchemar pour ses proches.

Verne Manhertz, lui, quitte les lieux sans aider la victime, croyant qu’elle était « OK ». Quelques minutes plus tard, il fait une autre transaction de drogue. Il est arrêté quelques jours plus tard en possession de trois cellulaires et de 11 sortes de drogue, dont de la cocaïne et du « crystal meth ». Il était alors sous le coup de deux probations.

En avril 2022, le Montréalais de 39 ans a plaidé coupable à une accusation de conduite dangereuse causant la mort et à des chefs liés au trafic de stupéfiants. La Couronne réclamait une peine de six ans de pénitencier, dont quatre ans et demi pour la conduite dangereuse. La défense réclamait à peine un an de prison.

Le juge a retenu une longue liste de facteurs aggravants, dont le contexte de trafic de stupéfiants et la fuite de l’accusé, qui n’a « jamais appelé le 911 ». Le juge cite également les nombreux antécédents judiciaires de l’accusé et les conséquences dramatiques pour les proches de la victime.

« En accélérant, avec la victime sur le capot, M. Manhertz a causé la mort [de la victime]. Cependant, ce geste n’était pas prémédité et s’est déroulé spontanément dans un contexte inattendu. M. Manhertz ne contrôlait pas les actions de la victime, qui a volontairement monté sur le capot de son véhicule », analyse le juge.

Les remords sincères et la réhabilitation bien en marche de Verne Manhertz ont convaincu le juge de privilégier une peine moins sévère. Depuis 2020, l’accusé a en effet changé sa vie. Il a quitté le monde criminel, a suivi une psychothérapie et travaille comme électricien. Son risque de récidive est faible, selon le juge.

Le juge conclut que la peine adéquate est de 18 mois pour les chefs liés aux stupéfiants et de deux ans pour la conduite dangereuse. Toutefois, cette peine de trois ans et demi est « trop longue » et pourrait « mettre en péril les progrès de Verne Manhertz », selon le juge. Il a donc imposé une peine globale de 33 mois de détention et aucune interdiction de conduite.

MAnik Archambault a représenté le ministère public, alors que MChristian Gauthier a défendu l’accusé.