(Bourget) La petite communauté de Bourget, en Ontario, a été chamboulée jeudi lorsqu’un homme de 39 ans a « pris en embuscade » trois policiers, ouvrant le feu en leur direction avec une arme longue. L’un des agents est décédé, tandis que des accusations ont été déposées contre le suspect.

Le sergent Eric Mueller, qui comptait plus de 20 ans d’expérience dans les forces de l’ordre et qui était décrit comme un mentor par ses collègues, a perdu la vie à l’hôpital après avoir subi des blessures graves lors de cette intervention.

Lors d’un point de presse, le commissaire de la Police provinciale de l’Ontario, Thomas Carrique, a mentionné que le sergent Mueller était un policier exemplaire, ainsi qu’un bon père de famille. Le policier laisse dans le deuil sa femme et ses deux enfants.

PHOTO FOURNIE PAR LA POLICE PROVINCIALE DE L’ONTARIO/LA PRESSE CANADIENNE

Le policier Eric Mueller est mort lors de l’intervention.

« Nous avons tous le cœur brisé. C’était un modèle pour les autres, quelqu’un qui unissait vraiment tout le monde », a mentionné M. Carrique.

Les deux autres agents impliqués – des « vétérans » du corps policier – ont subi des blessures graves, mais ils se trouvaient dans un état stable en milieu de journée. L’un d’eux a même reçu son congé de l’hôpital en début d’après-midi.

Quant au suspect, Alain Bellefeuille, il a été accusé de meurtre au premier degré en lien avec la mort du sergent Mueller, ainsi que de deux chefs de tentative de meurtre.

« J’appelle ça une embuscade »

La fusillade s’est produite peu après 2 h dans le secteur de Bourget, situé à une cinquantaine de kilomètres à l’est d’Ottawa. La police avait été appelée à se rendre dans une résidence de la rue Laval, puisqu’un coup de feu avait été entendu par un citoyen.

À leur arrivée sur les lieux, les trois agents de la Police provinciale de l’Ontario ont été ciblés par des tirs de projectiles d’arme à feu. Sans détour, le commissaire Carrique a affirmé que les trois policiers avaient été « pris en embuscade ».

PHOTO PATRICK DOYLE, LA PRESSE CANADIENNE

« Ça va faire partie de l’enquête, mais moi, c’est exactement comme ça que je décrirais ce qui s’est passé avec les informations que j’ai », a tranché M. Carrique.

Quand trois agents arrivent sur les lieux, et qu’en quelques minutes seulement, ils se font tirer dessus, l’un d’eux est tué, un autre est blessé grièvement et le troisième est blessé au point d’avoir besoin de soins médicaux, j’appelle ça une embuscade.

Le commissaire de la Police provinciale de l’Ontario, Thomas Carrique

Selon la police, seuls les agents ont été visés par des coups de feu. La résidence où a eu lieu la fusillade appartiendrait au suspect, selon les premières informations fournies par M. Carrique.

Le suspect n’a pas été blessé ; il a été arrêté sur place par un deuxième groupe de policiers arrivés en renfort.

Une communauté bouleversée

Les évènements de jeudi sont venus chambouler le quotidien de la population de cette petite communauté de l’Est ontarien, où de nombreuses jeunes familles élèvent des enfants et où les conversations basculent entre le français et l’anglais.

« On ne pense jamais que des tragédies comme ça peuvent arriver près de chez nous, mais quand c’est le cas, ça remet les choses en perspective », a raconté Madison Bach, qui vit avec son mari et leur fillette de six mois.

Des hélicoptères ont survolé Bourget jeudi matin et des véhicules de la Police provinciale de l’Ontario ont bloqué la longue allée menant à la maison de la rue Laval où la fusillade a eu lieu.

Dan Brown, qui vit à environ six kilomètres de ladite résidence, a entendu le bruit des sirènes de police et une série de bruits sourds vers 2 h jeudi matin. Membre du champ de tir à proximité, il a immédiatement reconnu le son des coups de feu.

« J’ai tout de suite compris ce qui se passait », a-t-il dit.

Environ 100 mètres plus loin, Ashley Butler s’est réveillée au son de crissements de pneus suivis de coups de feu. Elle a couru dans la chambre de sa fille pour s’assurer qu’elle était en sécurité.

« J’étais terrifiée, mais la première chose qui passe par la tête d’un parent, c’est de vérifier que son enfant va bien. »

Ce n’est que plus tard jeudi matin qu’elle a appris ce qui s’était passé dans son quartier.

Un autre policier tué en Ontario

Le sergent Mueller est le cinquième policier à être tué par balle en Ontario depuis septembre.

Le 12 septembre, l’agent de la police de Toronto Andrew Hong a été abattu dans un Tim Hortons de Mississauga. Un mois plus tard, les agents de la police de South Simcoe Devon Northrup et Morgan Russell ont été tués après avoir répondu à un appel à Innisfil.

Puis, le 27 décembre, l’agent Greg Pierzchala a été tué par balle dans une embuscade alors qu’il répondait à un appel pour un véhicule dans un fossé.

À Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’il travaillait avec ses ministres de la Justice et de la Sécurité publique pour trouver des moyens de protéger les policiers, compte tenu de la vague de fusillades mortelles dans lesquelles ils sont impliqués récemment.

« Il y a depuis bien des mois beaucoup trop de policiers à travers le pays qui ont été tués en service, en train de nous protéger. Nous avons besoin d’en faire plus pour les protéger », a-t-il tranché.

Avec les informations de Laura Osman à Bourget