Le criminel endurci Benjamin Hudon-Barbeau, condamné en 2018 à la peine la plus sévère de l’histoire moderne du Québec, pourra demander sa libération conditionnelle 10 ans plus tôt. La Cour d’appel a toutefois rejeté mardi son appel sur sa culpabilité.

Célèbre pour sa spectaculaire évasion de la prison de Saint-Jérôme en 2013, le caïd de 46 ans a été reconnu coupable en 2017 par un jury pour son implication dans deux meurtres et deux tentatives de meurtre. Il a ainsi été condamné à la prison à vie.

La juge France Charbonneau avait imposé à Benjamin Hudon-Barbeau une peine record à l’époque : 35 ans avant l’admissibilité à la libération conditionnelle. Pour justifier une peine aussi sévère, la juge avait insisté sur la dangerosité extrême du délinquant, sa personnalité à la limite de la psychopathie et sa possibilité de réhabilitation « quasi inexistante ».

Or, les tribunaux ne peuvent plus cumuler les peines pour meurtre depuis l’arrêt Bissonnette de la Cour suprême l’an dernier. Le tueur de masse de la mosquée de Québec avait vu sa période d’inadmissibilité à la libération conditionnelle passer de 40 à 25 ans.

Sans surprise, donc, la Couronne ne contestait pas la demande de Benjamin Hudon-Barbeau de voir lui aussi sa période d’inadmissibilité être réduite de 35 ans à 25 ans. Rappelons qu’un meurtre au premier degré entraîne automatiquement la prison à vie sans possibilité de libération avant 25 ans.

Le « chef d’orchestre » des crimes

Benjamin Hudon-Barbeau n’a pas lui-même tiré sur les quatre victimes. Le truand avait ordonné à son homme de main Ryan Wolfson de commettre les crimes. En 2012, Wolfson avait exécuté Pierre-Paul Fortier, un trafiquant de drogue, et abattu Frédérick Murdock lors d’une tentative de meurtre visant son patron, Vincent Pietrantonio.

« Le désir de vengeance et l’appât du gain sont les principaux moteurs [de l’accusé]. […] Il a été le grand chef d’orchestre de tous ces crimes, Wolfson ayant agi sous sa gouverne », avait conclu la juge Charbonneau en 2018.

« L’appelant ne démontre aucune erreur révisable », a conclu mardi la Cour d’appel du Québec. MSteve Baribeau et MAlexis Marcotte Bélanger ont piloté le dossier pour le Directeur des poursuites criminelles et pénales, alors que MJulie Giroux défendait le délinquant.

« C’est fini. Les familles des victimes et M. Dannick Lessard pourront, je l’espère, tourner la page et continuer à avancer après toutes ces années de procédures judiciaires », a commenté MBaribeau.

En 2017, Benjamin Hudon-Barbeau avait écopé de 16 ans de pénitencier pour son évasion en hélicoptère de la prison de Saint-Jérôme. Cette affaire avait frappé l’imaginaire en 2013. Des complices d’Hudon-Barbeau avaient réquisitionné un hélicoptère de tourisme en braquant une arme à feu sur le pilote.

Hudon-Barbeau et un autre détenu avaient ensuite réussi à embarquer dans l’engin en s’accrochant à une corde, sous le regard des agents correctionnels. Les policiers avaient tout de suite intercepté les fugitifs à Sainte-Adèle.