Jalousie maladive, contrôle de ses finances et de son emploi et obligation de « prendre soin de lui » : la famille de Melvita Devoe, tuée par balle la semaine dernière, dresse un sombre portrait de son union avec son mari, aujourd'hui accusé du meurtre de la femme de 51 ans.

L’histoire jusqu’ici

• Melvita Devoe, une femme de 51 ans originaire des Philippines, a été blessée par balle le week-end dernier. Elle a succombé à ses blessures mercredi dernier.

• Le mari de la victime, Bernard Devoe, avait d’abord été accusé de tentative de meurtre en lien avec l’évènement. L’homme de 83 ans fait maintenant face à des accusations de meurtre.

• Le couple marié était installé au Sanctuaire du Mont-Tremblant, un complexe locatif destiné aux personnes âgées de 55 ans et plus.

La famille de la victime décrit une relation devenue néfaste ces derniers mois. « Bernard était devenu vraiment jaloux », explique la sœur de Melvita, Marlie Villaquer, en entrevue avec La Presse.

Melvita Devoe fait la connaissance de son futur mari sur une application de rencontre à l’été 2019. L’homme propose vite une relation sérieuse malgré la distance : elle habite aux Philippines, il réside au Québec. Il se rend aux Philippines en novembre pour visiter la femme dans son pays natal. Le couple se marie sur place lors de ce voyage.

« Tout est allé très vite », explique la tante de Mme Devoe, Maria Menor.

Son premier contact avec Bernard Devoe demeure cordial. « Il ne m’a pas paru violent et problématique, mais plutôt froid. Il était distant avec nous. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Ambulance devant le Sanctuaire du Mont-Tremblant, où résidait le couple, le 12 juin

La famille de la défunte avait peu de nouvelles après son départ pour le Canada. « Elle ne nous disait pas de mauvaises choses au début. » Mais récemment, elle s’était ouverte à ses proches : Bernard Devoe était jaloux à un point maladif, racontait-elle.

« Il ne la laissait parler à personne. Il pensait toujours qu’elle rencontrait d’autres hommes », explique la tante de la victime.

Relation toxique

Le tout s’est envenimé. « Ils se disputaient toujours à propos de sa jalousie », explique Mme Menor.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE MELVITA DEVOE

Bernard Devoe

L’accusé, un ancien militaire, était au tout début réticent à ce qu’elle travaille, selon le témoignage de la famille. Melvita Devoe a finalement réussi à le convaincre. Elle a trouvé un emploi d’aide ménagère au Grand Lodge, un hôtel de Mont-Tremblant.

Il y a un moment où elle a dû rester cinq jours à l’hôtel où elle travaille, car il était trop en colère contre elle.

Maria Menor, tante de Melvita Devoe

Elle devait « prendre soin de lui » : Melvita Devoe était souvent en retard au travail, car elle devait s’occuper de son mari le matin. « Elle devait tout le temps s’occuper de lui. C’était comme une esclave », selon Mme Villaquer.

« On pense vraiment qu’il l’utilisait. Elle était comme son esclave. Elle avait peur de lui et n’avait pas de famille au Québec », explique l’une des nièces de la victime, qui a préféré ne pas dévoiler son nom.

La famille endeuillée compose avec la peine, mais également l’attente. La dépouille de Mme Devoe ne sera pas rapatriée avant au minimum six mois, au maximum un an, selon ce que l’ambassade a fait savoir à la nièce de la défunte. « Ils doivent encore faire l’autopsie. Nous voulons toute l’aide pour essayer au moins de comprendre ce qui s’est passé. »