Cinq des 11 militants déjà reconnus coupables d’introduction par effraction et de méfait pour avoir brièvement occupé une porcherie de Saint-Hyacinthe en 2019 ont écopé d’une sentence suspendue de deux ans au palais de justice de Longueuil mardi. Les six autres s’en sont tirés avec une absolution conditionnelle assortie de deux années de probation.

Le juge Marco LaBrie a lu un résumé de la peine de chacune des 11 personnes qu’il avait reconnues coupables en avril 2022, en promettant la version écrite de son jugement de plus d’une centaine de pages d’ici deux semaines.

Jennifer McQueen, Cheryl-Lee Trottier, Christopher James Clapis, Jennifer Donovan et Anne Gibouleau (qui utilise aujourd’hui le nom de famille Shaughnessy) ont écopé d’une sentence suspendue de deux ans durant laquelle ils devront respecter de nombreuses conditions.

Ann Valerio, Valerie Trottier-Harrison, Lison Primas, Sarah Wells, Cassey Phaneuf Croteau et Natalie Ann Bartosek ont obtenu une absolution conditionnelle assortie de deux années de probation.

La plupart des 11 coupables ont été également été condamnés à 100 heures de travaux communautaires ou à faire un don de 500 $ au Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC).

Une douzaine de militants du groupe Direct Action Everywhere (DxE) avaient fait irruption dans la ferme Porgreg de Saint-Hyacinthe en décembre 2019, où ils avaient tourné des vidéos. Devant leur refus de quitter les lieux, le propriétaire avait appelé la police. Onze des militants étaient majeurs au moment de l’intervention et ont été reconnus coupables des deux chefs d’accusation en avril 2022.

La Couronne avait demandé une peine avec sursis (ce qui leur vaut un casier judiciaire) accompagnée d’une probation de deux ans et de 150 heures de travaux communautaires. La défense avait demandé leur absolution.

En cas de bris de condition, la Couronne pourrait revenir en cour et exiger une sentence différente, a souligné le juge LaBrie mardi.

Une deuxième salle a dû être réquisitionnée pour accueillir les sympathisants et proches, qui ont applaudi les condamnés à leur sortie de la salle d’audience.

Une vingtaine de militants du groupe avaient d’ailleurs tenu une manifestation pacifique derrière le palais de justice dans l’heure précédant la comparution, en scandant « Justice pour les animaux » et en brandissant affiches et peluches.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Des militants véganes du groupe qui a fait irruption dans une porcherie de Saint-Hyacinthe, ici devant le palais de justice en 2020.

Plus de porcs chez Porgreg

« Depuis leur passage dans notre porcherie, notre taux de mortalité en maternité a considérablement augmenté », avait déclaré l’une des propriétaires de la ferme québécoise Les Porgreg, Josiane Grégoire, dans une allocution devant l’Union des producteurs agricoles (UPA) en janvier 2020.

Une inspection du ministère de l’Agriculture, Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) réalisée le mois précédent, neuf jours après le passage des militants, avait toutefois relevé plusieurs éléments non conformes dans les bâtiments de Porgreg. Une « densité d’animaux trop élevée », une « ventilation inappropriée », une « accumulation de fumier » et une « présence de mouches dans les sections de mise bas » avaient notamment été inscrites au rapport d’inspection daté du 16 décembre 2019.

La visite de suivi effectuée quatre mois plus tard n’avait toutefois relevé « aucune non-conformité » reliée au bien-être animal. « La ventilation de la pouponnière est améliorée et les porcelets sont étendus, propres et les parcs [secs] et sans mouches », avait signalé le rapport de l’inspecteur, qui avait fait les mêmes constats dans la maternité.

L’entreprise Les Porgreg est toujours inscrite au Registraire des entreprises du Québec comme élevage porcin. Elle n’est plus en production porcine, a cependant confirmé Les Éleveurs de porcs du Québec.

Avec Daphné Cameron et Émilie Bilodeau