Un Montréalais qui a agressé sexuellement une étudiante en état d’ébriété en se faisant passer pour un bon samaritain espère s’en tirer avec des travaux communautaires, même s’il clame toujours son innocence et dénigre la communauté LGBTQ+. La victime de Vincenzo Mirra a été marquée au fer rouge par l’agression.

« Ce fut le moment le plus anxiogène de ma vie. Je venais de me faire voler ma dignité humaine. Je me sentais profondément honteuse, coupable […] J’étais aussi très en colère, surtout contre moi, mais aussi contre lui », écrit la victime dans une lettre déposée à la cour.

Vincenzo Mirra, un chef cuisiner de 58 ans, a été reconnu coupable d’agression sexuelle en février 2022 au terme de son procès au palais de justice de Montréal. La Couronne a annoncé mardi lors des observations sur la peine avoir l’intention de demander une peine de 18 mois d’emprisonnement, alors que la défense réclame une peine dans la collectivité ou des travaux communautaires.

Le rapport présentenciel – très défavorable – décrit un homme « narcissique » et « contrôlant » au discours « déresponsabilisant ». Dans le rapport, Vincenzo Mirra tient des propos « dérangeants » envers les « femmes aux courbes plus prononcées » et la communauté LGBTQ+. Devant la cour mardi, Vincenzo Mirra a dit n’avoir « rien contre les LGBTQ+ », puis a vaguement évoqué ses « valeurs et croyances ».

Son avocat, MClemente Monterosso, a testé la patience du juge mardi en posant des questions sur les restaurants ayant appartenu aux parents de l’accusé et sur une histoire familiale liée à la reine Élisabeth II mentionnée dans un rapport. « Restons sur la Reine », a ainsi lancé le criminaliste.

« C’est du temps de cour, les questions doivent être pertinentes sur la peine », a fini par lâcher le juge Salvatore Mascia, irrité.

Une femme endormie « ne peut pas consentir »

Un soir de septembre 2016, Vincenzo Mirra croise une femme de 21 ans – une vague connaissance – en état d’ébriété et désemparée après avoir perdu sa sacoche et ses clés dans un bar. Se présentant comme un Bon Samaritain, Vincenzo Mirra lui offre de l’héberger pour la nuit sur son sofa. Celle-ci accepte puisqu’elle ne peut rentrer chez elle, faute de portefeuille. Elle était aussi rassurée parce qu’elle connaissait un peu l’accusé.

La victime décrit comme un « trou noir » le reste de la soirée. Elle se souvient toutefois s’être réveillée le matin avec Vincenzo Mirra penché au-dessus d’elle, se tenant le pénis et tentant de la pénétrer. Elle le repousse alors avant qu’il puisse la toucher. Il y aurait également eu une relation sexuelle complète pendant la nuit.

Le juge Mascia a fait bénéficier l’accusé du doute raisonnable – « in extremis » – concernant la relation sexuelle dans la nuit. Or, les gestes commis par l’accusé, au réveil de la victime, constitue une relation sexuelle, a tranché le magistrat. « Une plaignante endormie ou inconscience ne peut pas consentir », a rappelé le juge.

« Je ne l’ai jamais touchée. Jamais », s’est à nouveau défendu Vincenzo Mirra, mardi.

Comme les avocats ont manqué de temps pour plaider, le dossier a été reporté pour conclure les observations sur la peine.