Deux ex-membres du groupe d’opposition aux mesures sanitaires les Farfadaas, Steeve Charland et Karol Tardif, reconnus coupables d’avoir bloqué le tunnel Louis-Hippolyte La Fontaine en mars 2021, ont obtenu une peine suspendue assortie de 120 heures de travaux communautaires pour leur participation au méfait et au complot.

Le juge Jean-Jacques Gagné a qualifié la peine de « clémente » et salué la « retenue » de l’avocat de la Couronne Martin Bourgeois, qui avait proposé cette avenue. Les deux co-accusés, qui n’ont aucun antécédent criminel, demandaient une absolution.

Les Farfadaas avaient bloqué le tunnel en mars 2021, en marge d’une manifestation contre les mesures sanitaires. Les accusés soutenaient que ce geste visait à dénoncer la brutalité policière survenue plus tôt lors de la manifestation au centre-ville de Montréal. Or, leur geste a été fait « sans se soucier du sentiment d’intimidation potentiellement ressenti par les usagers », a tranché le juge. « Les rues, les trottoirs, les places et les parcs » sont les lieux historiques de rassemblement pour de telles manifestations, a-t-il souligné, mais les ponts et les tunnels n’ont « aucune utilisation historique à des fins expressives. »

Le juge Gagné a souligné que Mme Tardif et M. Charland sont des militants qui veulent « dénoncer le phénomène de la pensée unique ». « Ils sont libres de le faire, mais à l’intérieur des paramètres de la loi », a-t-il dit, avant de remercier les deux co-accusés pour leur collaboration et leur courtoisie tout au long du procès.

Le cas de Mario Roy entendu en octobre

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Mario Roy

Le magistrat devra maintenant se pencher sur le cas de Mario Roy, qu’il a dit considérer, lors du prononcé de la peine de M. Charland et Mme Tardif, comme le « premier violon » et le « leader » de la manifestation dans le tunnel.

La Couronne a indiqué qu’elle réclamera entre 90 jours et six mois de prison pour M. Roy. Ce dernier a tenté, lors de ses représentations sur peine en juin, de déposer une expertise du psychiatre Pierre Mailloux, qui expliquerait, selon un bref résumé fait par l’avocat de la Couronne devant le juge, qu’il souffre d’un stress post-traumatique découlant d’une incarcération de plusieurs mois, au printemps et à l’été 2021. Cette incarcération faisait suite à une accusation de harcèlement criminel contre une avocate du Barreau, dans un tout autre dossier. Il a depuis été acquitté de cette accusation à la suite d’un procès devant jury, et a annoncé son intention de poursuivre l’État pour les dommages qu’il dit avoir subis. Dans les couloirs du palais de justice, M. Roy a également dit souffrir d’une scoliose, une « condition médicale » qui lui serait néfaste en cas d’incarcération.

Le juge Jean-Jacques Gagné a montré des signes d’impatience devant M. Roy, qui n’avait pas fait émettre d’assignation à comparaître au DMailloux lors de l’audience du mois de juin. Vu l’absence du témoin expert dans la salle de cour, les représentations sur peine ont été repoussées au mois d’octobre. « Je ne vais pas remettre ça à une autre date », a averti le magistrat à l’intention de Mario Roy, qui se représente sans avocat. « Ne poussez pas votre luck, a ajouté le juge Gagné. C’est une priorité. Il y a des règles à suivre pour les témoignages d’expert. »