Deux signaleurs routiers ont été blessés, dont un gravement, par un automobiliste qui aurait tenté de passer dans un chantier de construction à Pointe-aux-Trembles, tard mercredi soir, avant de prendre la fuite. Une association représentant les signaleurs s’inquiète du danger « grandissant » autour du métier.

Selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), un appel a été reçu vers 22 h 20, mercredi, pour un délit de fuite qui venait de survenir au coin des boulevards Saint-Jean-Baptiste et Industriel.

Une fois sur les lieux, les policiers ont localisé deux victimes, qui étaient des signaleurs routiers tous les deux âgés de 39 ans. Le premier avait subi des blessures mineures, mais le deuxième a été grièvement blessé au haut du corps. Il a dû être transporté d’urgence dans un centre hospitalier, où on craignait jeudi pour sa vie.

D’après les premières informations recueillies auprès de témoins de la scène, « la collision se serait produite lorsque le conducteur aurait tenté de passer dans le chantier de construction », a expliqué l’agente Gabriella Youakim, porte-parole du SPVM.

L’automobiliste serait ensuite parti en trombe, sans s’arrêter, sans porter assistance aux deux victimes. Une investigation a été lancée afin de localiser ce conducteur. Jeudi, le SPVM n’était pas encore en mesure de dévoiler une description de son véhicule. Des enquêteurs ont notamment passé la scène au peigne fin, en quête d’indice. Les bandes vidéo de caméras de surveillance situées à proximité pourraient également être visionnées afin de retracer la séquence des évènements et, potentiellement, identifier le véhicule du suspect.

La CNESST a confirmé en fin de journée jeudi qu’elle mènera une enquête. Ses inspecteurs ont notamment interdit la poursuite du chantier « afin de s’assurer que les méthodes de travail sont sécuritaires ». L’employeur devra transmettre sa méthode de travail avant de pouvoir relancer ses activités.

Un été déjà « chargé »

Pour le président de l’Association regroupant les installateurs et signaleurs du Québec (ARISQ), Éric Laflamme, l’été 2023 est déjà très « chargé » pour ses membres, ce qui sème l’inquiétude pour la suite. « Juste hier, on a eu trois accidents en incluant celui de Pointe-aux-Trembles. Il faut que ça arrête, ça ne va pas en diminuant, c’est plutôt en s’empirant d’année en année », souffle-t-il.

En 2022, 210 signaleurs routiers ont été blessés sur les routes du Québec, contre 161 en 2021, 104 travailleurs en 2020, 80 2019, 75 en 2018 et une soixantaine en 2017. En 2016, 47 accidents étaient survenus. Bref, la tendance à la hausse est claire,

D’ailleurs, plusieurs de ces collisions ont été mortelles, comme celle du signaleur Marc Séguin heurté par un automobiliste sur un chantier en octobre 2022 à Carignan en Montérégie, un évènement que la CNESST avait toutefois surtout attribué à une gestion de la signalisation « déficiente ».

L’ARISQ réclame notamment au gouvernement une « présence policière plus grande lors de fermetures ou d’ouvertures de chantiers ». « On nous répond que les policiers sont en manque d’effectifs, mais la signalisation, elle va aussi être en manque d’effectifs éventuellement à force de voir nos travailleurs se faire frapper », déplore M. Laflamme.

Son groupe demande aussi à court terme que des caméras soient implantées « à chaque extrémité de chantier » pour capter la scène d’un accident. « Présentement, quand la police n’a pas accès à des images, le fautif, bien souvent, il s’en lave les mains, il se sauve et il va se cacher. C’est ridicule », persiste le président.

La mairesse Valérie Plante a soutenu sur Twitter jeudi que « les travailleuses et travailleurs de chantiers présents sur nos routes font un travail important dans des conditions qui ne sont pas toujours faciles ». « L’impatience ou l’imprudence à leur égard n’a pas sa place et ils méritent tout notre respect, peu importe les détours requis », a-t-elle plaidé.

« Cet incident tragique est un acte insensé, voire même hautement criminel et totalement inqualifiable », a de son côté fait valoir le président de Bitume Québec, Tytus Zurawski. Son groupe invite Québec à « légiférer davantage et à implanter des peines et amendes beaucoup plus sévères pour ceux qui se rendent coupables de tels actes de total incivisme ».