(Montréal) Le jeune homme de 21 ans porté disparu après être allé se baigner dans la rivière Etchemin, à Saint-Anselme, dans la région de Chaudière-Appalaches, est un réfugié ukrainien arrivé au pays depuis moins de deux semaines. La possibilité qu’il se soit noyé ébranle la petite communauté.

La Sûreté du Québec (SQ) a été avisée au milieu de la nuit de mercredi à jeudi par « les proches de la victime [qui] se sont inquiétés qu’il ne soit pas de retour », a indiqué le sergent Hugues Beaulieu, mercredi.

L’homme était allé se baigner dans la rivière Etchemin, dans un secteur en aval des chutes Rouillard. « C’est un homme qui avait l’habitude de le faire », affirme M. Beaulieu.

[Dans la nuit de mercredi à jeudi], il y a eu des policiers à pied qui ont fait les berges avec l’assistance du service des incendies de l’endroit. Et [jeudi] matin, les plongeurs ainsi que l’hélicoptère de la Sûreté du Québec se sont déplacés sur les lieux.

Le sergent Hugues Beaulieu, de la Sûreté du Québec

Les recherches ont été mises sur pause en après-midi « en raison du fort courant qui mettait la sécurité des plongeurs en péril », a indiqué la SQ. Elles devraient reprendre ce vendredi matin.

Il est l’aîné des enfants d’une famille originaire d’Ukraine arrivée à Saint-Anselme par vagues dans les derniers mois, raconte l’agente à l’immigration Laura Torres, de l’organisme Alpha Bellechasse, qui aide les nouveaux arrivants à s’installer dans la région.

La mère du jeune homme, qui travaille à l’usine de transformation de poulets Exceldor, à Saint-Anselme, était arrivée en septembre dernier avec son plus jeune enfant. Puis elle avait fait venir son adolescent en avril, et finalement son fils aîné était arrivé le 8 juillet dernier, 12 jours avant qu’il ne soit porté disparu.

« Il ne savait pas encore ce qu’il voulait faire », explique Laura Torres, qui a aidé la mère à contacter les autorités et qui a participé aux premiers instants des recherches.

« C’est une situation difficile pour la famille et aussi pour les employés de notre usine de [Saint-Anselme], qui forment une grande famille », a indiqué de son côté le chef des relations publiques chez Exceldor, Denis Paquet.

L’entreprise, qui emploie une quinzaine de travailleurs ukrainiens dans cette usine, affirme qu’elle accompagne déjà la mère et ses proches. Elle leur apporte « tout le soutien et toute l’aide dont ils ont besoin, maintenant et pour la suite des choses », a ajouté M. Paquet.

Un niveau d'eau « jamais vu »

Les recherches sont certainement compliquées par le fort débit de la rivière, gonflée par les pluies importantes des dernières semaines et dont le niveau « est du jamais-vu », selon le maire suppléant de Saint-Anselme, Simon Roy.

Secouée par cette possible noyade, la municipalité a tenu à rappeler à ses résidants jeudi qu’il n’y a « aucun site sécuritaire permettant la baignade » dans les limites de Saint-Anselme.

Les locaux sont vraiment au fait des dangers de ce coin-là. On parle à certains endroits de 150 pieds de profondeur.

Simon Roy, maire suppléant de Saint-Anselme

Le jeune homme en était à sa troisième baignade dans le secteur, où il se serait rendu en utilisant une échelle en bois accessible depuis la cycloroute de Bellechasse, mais ce serait la première fois qu’il s’y rendait seul et en soirée.

PHOTO FOURNIE PAR GUILLAUME FORTIN

Le secteur où le jeune réfugié ukrainien aurait sombré dans la nuit de mercredi à jeudi est accessible par une échelle qu’il est possible d’emprunter depuis la cycloroute de Bellechasse.

L’endroit est doté d’une pancarte indiquant qu’il est interdit de s’y baigner, mais il n’y a aucune surveillance, précise le maire suppléant.

Surreprésentés

Saint-Anselme accueille régulièrement des immigrants, au point que la municipalité compte des résidants de 27 nationalités différentes pour une population de 4300 habitants, selon Simon Roy. Si on y retrouve surtout des personnes originaires d’Amérique latine, de plus en plus d’Ukrainiens fuyant la guerre viennent s’y établir, ajoute-t-il.

Ce triste évènement y prend donc une signification particulière.

Le fait que des réfugiés viennent ici pour avoir une quiétude et une paix d’esprit et qu’un drame comme ça arrive, à peine 12 jours après qu’il a mis les pieds ici, c’est vraiment triste.

Simon Roy, maire suppléant de Saint-Anselme

Les personnes récemment immigrées au Canada sont surreprésentées en matière de noyade, concluait une analyse de dizaines de rapports de coroner effectuée par La Presse et publiée jeudi matin.

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En date du 20 juillet 2023, la Société de sauvetage avait recensé 44 noyades pour l’année en cours, tandis qu’à pareille date l’an dernier, on en dénombrait 32. Ces données sont non officielles, c’est-à-dire qu’elles sont compilées à partir d’articles de presse. Elles seront validées auprès du Bureau du coroner.

Avec La Presse Canadienne