L’horreur, simplement. Dans la petite municipalité de Notre-Dame-des-Prairies, dans Lanaudière, un homme aurait tué ses deux enfants d’âge préscolaire avant de se donner la mort, samedi.

« Ça me bouleverse. Ça nous bouleverse tous », laisse tomber Nathalie Boucher, résidante du secteur. Depuis 40 ans, elle habite ce quartier. Un quartier cossu qui se résume à une seule rue, bordée de grands arbres et d’une rivière.

Le genre de quartier où il ne se passe jamais rien. Sauf ce samedi-là.

La Sûreté du Québec enquête sur un double homicide suivi d’un suicide survenu en milieu d’après-midi dans une résidence de la rue Patrick, à Notre-Dame-des-Prairies.

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Un impressionnant déploiement policier bloquait l’accès à la maison où est survenu le drame.

Au passage de La Presse, le soleil tombait tranquillement sur le quartier. C’était une belle soirée, comme on en connaît souvent à la fin de l’été. De la rue, impossible de voir la résidence où s’est déroulé le drame. Un impressionnant déploiement policier en bloquait l’accès.

Parmi tous les voisins rencontrés sur place, personne ne connaissait la famille qui l’habitait. Mais tout le monde avait entendu le cri.

Un cri à glacer le sang.

« J’ai entendu la mère crier. Je n’avais jamais entendu une personne crier de même. Un vrai cri de détresse », lâche Patrick Marin, un voisin.

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Patrick Marin

À côté de lui, Nathalie Taylor pose la main sur sa poitrine. « Elle a crié tellement fort. Je me suis dit : “Ça y est, il y a un petit qui est tombé dans la rivière” », raconte-t-elle.

Selon des témoins, la mère des deux enfants serait arrivée sur les lieux du drame peu de temps après les policiers. Elle se serait effondrée sur le sol en hurlant.

« Le cri… Tu veux pas entendre ça. Mon mari l’a entendu à l’autre bout de la rue. J’en avais des frissons », se désole Nathalie Boucher, encore bouleversée.

Selon la Sûreté du Québec, les trois corps ont été retrouvés inanimés à l’intérieur de la résidence. Aucun détail n’avait été divulgué samedi soir sur la façon dont les meurtres auraient été commis.

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Aucun détail n’avait été divulgué samedi soir sur la façon dont les meurtres auraient été commis.

Le dossier a été pris en charge par les enquêteurs des crimes contre la personne. Samedi soir, des techniciens en identité judiciaire procédaient à l’analyse de la scène.

Une famille discrète

Selon des voisins, la famille habitait le quartier depuis quelques années, mais plusieurs n’avaient jamais vu les enfants.

Je ne les voyais pas souvent. Je voyais le monsieur qui tondait son gazon une fois de temps en temps. Je ne savais même pas qu’il avait des enfants. Ils sont assez discrets.

Patrick Marin

Plus loin, Alain Buisson discutait du drame avec des voisines qui venaient tout juste d’apprendre la nouvelle. Vers 13 h 30, il était passé devant la résidence en promenant ses chiens. Et si l’inimaginable se produisait au même moment, à quelques mètres de lui ?

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Alain Buisson

« Tuer tes enfants de sang-froid de même… C’est quelque chose », laisse-t-il tomber.

« Tu ne penses jamais que ça peut être dans ton secteur. On n’est pas une tonne de propriétaires. C’est surtout ça qui vient nous chercher », se désole à son tour Francine Prezeau, qui habite tout près.

« C’est arrivé »

Toute la soirée, le va-et-vient s’est poursuivi. Enquêteurs, voisins éloignés, journalistes. Dans un quartier qui était si tranquille, quelques heures plus tôt.

« On l’entend souvent, hein ? lance Nathalie Boucher : “Comment ça a pu arriver ici ?” Mais voilà, c’est arrivé », poursuit-elle.

Et il n’y a pas grand-chose à faire. À part penser à la mère. Et aux enfants. « Je ne peux pas m’imaginer ce qu’elle vit », dit-elle.

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Eveline Piché et deux de ses six enfants

« Il faut aller chercher de l’aide. Souvent, on vit des moments de déprime, la vie n’est pas facile pour personne, mais il y a des ressources », souligne Eveline Piché. Avec ses deux filles, elles observaient la scène derrière le ruban jaune.

« Ça me touche grandement. Moi-même, j’ai six enfants. Moi aussi, j’en ai vécu des moments de déprime. Mais il faut aller chercher de l’aide. »

Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse

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Les Centres d’aide aux victimes d’actes criminels viennent en aide aux proches de victimes d’actes criminels à la suite d’événements traumatiques : 1-866-le CAVAC (1 866 532-2822) ou cavac.qc.ca