Il a appelé la police en s’identifiant, mais s’est fait arrêter à la place du suspect : Mamadi Camara, incarcéré à tort en lien avec l’agression du policier Sanjay Vig, a raconté le déroulement de l’attaque survenue en janvier 2021 et son intervention pour aviser les autorités.

« Je les ai vus se battre. J’étais très confus », s’est remémoré Mamadi Camara.

Son témoignage a commencé lundi matin, au palais de justice de Montréal, dans le procès d’Ali Ngarukiye, 23 ans. Ce dernier est notamment accusé de la tentative de meurtre sur le policier Sanjay Vig, un évènement qui avait fait grand bruit il y a deux ans.

L’enregistrement de l’appel au 911 a été présenté au jury lors de l’audience. On y entend M. Camara s’identifier.

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« Un policier m’a arrêté et quelqu’un est venu le frapper ! […] Le policier a couru et a laissé sa voiture. Il y a eu un coup de feu », répète alors M. Camara lors du bref appel fait le 28 janvier 2021, en début de soirée.

« Je ne sais pas qui a tiré. J’ai entendu un tir », poursuit-il en réponse au procureur de la Couronne, MLouis Bouthillier.

M. Camara attendait de recevoir une contravention de la part de Sanjay Vig, un agent du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) spécialisé en sécurité routière, la soirée où l’attaque s’est déroulée. Il a expliqué au jury avoir entendu des « bruits de bagarre » alors qu’il était assis dans son véhicule. La voiture du policier Sanjay Vig se trouvait derrière la sienne.

Il a ensuite vu le suspect, armé d’un long bâton, et le policier se battre au sol, a-t-il expliqué devant le juge François Dadour. L’agent Vig appelait à l’aide, selon le témoin. Il a alors vu le policier courir. Le suspect, décrit par M. Camara comme un homme avec des dreads courts, s’est également enfui de la scène.

Le trentenaire s’est alors empressé d’appeler la police. « J’avais vraiment peur », a-t-il ajouté.

Après avoir quitté la scène, il est arrêté par la police. « Plusieurs policiers sont venus et ont pointé leur arme sur moi. J’ai juste levé mes mains, j’ai dit : ce n’est pas moi, je n’ai rien fait », a raconté M. Camara. Il est incarcéré pendant six jours à la suite de son arrestation.

Calme durant l’interpellation

L’avocate de l’accusé, MSharon Sandiford, a longuement questionné M. Camara sur le moment où l’agent Vig l’a interpellé pour une infraction liée au cellulaire au volant.

« Je ne me souviens pas d’avoir utilisé mon téléphone », a expliqué le témoin. Il affirme avoir d’ailleurs répété à l’agent Vig qu’il ne s’était pas servi de son cellulaire. Il a ajouté être resté calme dans la voiture, sans lever le ton. « Je n’étais pas fâché », a-t-il répondu lors du contre-interrogatoire.

Après l’appel au 911, M. Camara est resté sur place. Il a même demandé à un agent arrivé en renfort s’il devait demeurer sur les lieux pour recevoir sa contravention. Ce dernier lui a dit qu’il pouvait partir.

Pier-Luc Tardif, un agent du SPVM présent peu après l’attaque, avait témoigné vendredi dernier dans le procès. Il avait alors expliqué au jury que Sanjay Vig avait identifié son assaillant comme étant la dernière personne à qui il avait donné une contravention. C’est finalement Ali Ngarukiye qui a été arrêté à Toronto des semaines plus tard en lien avec l’agression. MSharon Sandiford et MMoana Franco défendent l’accusé dans ce procès qui devrait durer trois mois.

« C’était une erreur de bonne foi. Le policier Vig n’a pu voir son assaillant que quelques secondes », avait dit la procureure de la Couronne, MJasmine Guillaume, dans sa déclaration d’ouverture la semaine dernière.

L’agent Vig devrait témoigner devant le jury dans les prochaines semaines.

L’histoire jusqu’ici

Le 28 janvier 2021, le policier du SPVM Sanjay Vig est attaqué. Le suspect s’approche de lui par-derrière, le frappe à la tête avec une barre de métal et le désarme.

Mamadi Camara, un homme dans la trentaine, se trouve sur la scène. Il avait été interpellé par l’agent Vig pour une infraction en lien avec le cellulaire au volant. M. Camara, témoin de l’agression, compose le 911. On lui dit de quitter les lieux.

Il sera ensuite arrêté à tort, incarcéré pendant six jours, puis finalement innocenté.

Ali Ngarukiye, un homme dans la vingtaine, sera arrêté en mars 2021 par la police de Toronto pour la tentative de meurtre sur l’agent Sanjay Vig.