(Joliette) Andréane Ouellet est-elle morte en déboulant les escaliers en état d’ébriété ? A-t-elle fait une « overdose » ? C’est ce qu’Alexandre Boudreau-Chartrand a raconté au 911 en découvrant le corps de sa conjointe. Son appel percutant a été présenté au jury mardi au deuxième jour de son procès pour meurtre.

« Je pense que ma femme a fait une overdose, puis elle a déboulé les escaliers. […] Oui, vite là ! Je pense qu’elle a pris ses médicaments, puis elle a fait une overdose. Elle a déboulé les marches, puis là, elle vomit du sang… », souffle Alexandre Boudreau-Chartrand, visiblement paniqué.

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L’homme de 38 ans est accusé d’avoir perpétré le meurtre au second degré d’Andréane Ouellet, le 27 septembre 2021, dans leur résidence familiale de Saint-Donat. Selon la Couronne, la mort de la mère de cinq enfants a été causée par des « traumatismes multiples à la tête ».

Selon la théorie de la poursuite, Alexandre Boudreau-Chartrand était « contrarié » face à l’incapacité de sa conjointe de maintenir sa sobriété et acceptait mal les « infidélités » de celle-ci. Les parties ont admis mardi que l’accusé et la victime « faisaient preuve de violence verbale et psychologique l’un envers l’autre, et ce, de façon continue ».

Journée fatidique

Pendant l’appel au 911, on entend Alexandre Boudreau-Chartrand réclamer des secours et pratiquer des manœuvres de réanimation pendant de longues minutes sous la supervision de l’employée des services d’urgence. Il relate à celle-ci qu’il était parti du domicile depuis une heure environ.

Cet appel nous permet d’en savoir plus sur cette journée fatidique. Alexandre Boudreau-Chartrand explique à un policier vers la fin de l’appel qu’Andréane Ouellet était « gerlot » ce matin-là. Aux dires de l’accusé, sa conjointe se serait « pété la gueule dans les escaliers » une première fois.

« J’ai entendu débouler les escaliers une fois. Je suis arrivé dans la cage d’escalier […], je l’ai amenée dans le lit. […] Après ça, je suis allé me coucher. J’avais une rencontre avec […], elle dormait, elle n’est pas venue », raconte l’accusé.

Dans un segment difficilement audible de l’appel, Alexandre Boudreau-Chartrand répète ces paroles de sa conjointe : « C’est fini, toi puis moi. » Le contexte demeure cependant nébuleux. L’accusé ajoute pendant l’appel que sa conjointe avait tenté de se suicider un mois plus tôt.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Un vélo d’enfant sur le terrain de la maison familiale

L’accusé était « triste » et « émotif »

Avant l’appel au 911, Alexandre Boudreau-Chartrand s’était absenté pour se rendre à un rendez-vous très important pour le couple, dont on ne peut révéler la teneur. L’absence d’Andréane Ouellet a évidemment retenu l’attention des personnes présentes, a relaté une témoin de la Couronne.

« Nous lui avons demandé où était Mme Ouellet, il a répondu que madame dormait, qu’elle était absente, qu’elle avait consommé de l’alcool durant la fin de semaine, qu’il y avait eu des conflits, qu’il avait appris qu’elle lui avait été infidèle lors de son [passage] en maison d’hébergement en juin », a témoigné la femme, dont on ne peut révéler l’identité.

La femme se souvient qu’Alexandre Boudreau-Chartrand était « émotif » pendant la rencontre et qu’il était arrivé 12 minutes à l’avance, contrairement à ses habitudes. « Il semblait triste », a-t-elle répété. Ses vêtements étaient très « propres », a-t-elle indiqué au jury.

En quittant la rencontre, une heure plus tard, la femme a discuté avec une autre personne des risques suicidaires d’Andréane Ouellet. « On a eu des inquiétudes. C’est bizarre. […] On en a discuté », a-t-elle dit.

On apprend de ce témoignage qu’Andréane Ouellet est restée deux semaines dans une maison d’hébergement en juin 2021. Ce centre héberge des gens sans domicile qui doivent « se reprendre en main », a résumé le témoin. Le couple a continué de se voir par la suite.

Contre-interrogatoire

En contre-interrogatoire, la femme a indiqué qu’Andréane Ouellet pouvait se montrer « agressive » envers les objets, alors qu’Alexandre Boudreau-Chartrand tenait un discours « plus dénigrant au niveau psychologique ». Il reprochait « régulièrement » à sa conjointe ses problèmes de consommation.

Trois jours avant la mort d’Andréane Ouellet, la témoin se souvient avoir remarqué une cicatrice au niveau du bras de la victime. Celle-ci avait également un orteil noir.

« Avez-vous remarqué des bleus partout sur ses jambes ? », lui a demandé l’avocate de la défense. « Non », a répondu la témoin.

Le procès se poursuit mercredi devant le juge Eric Downs au palais de justice de Joliette.

Les procureures MValérie Michaud et MCaroline Buist représentent le ministère public. L’accusé est défendu par MCatherine Ranalli et Me Élise Pinsonnault.