Peu de temps avant la mort d’Andréane Ouellet, quelqu’un avait visiblement eu le temps de faire une brassée de lavage. Les policiers ont en effet découvert des vêtements et un oreiller encore trempés dans la laveuse. Une odeur d’eau de Javel s’en dégageait. Ailleurs dans la maison, il y avait du sang à plusieurs endroits.

C’est ce que l’enquêteur de la Sûreté du Québec Éric Bouchard a expliqué au jury mercredi, au troisième jour du procès d’Alexandre Boudreau-Chartrand, au palais de justice de Joliette. L’homme de 38 ans est accusé du meurtre au second degré de sa conjointe et mère de leurs cinq enfants Andréane Ouellet, le 27 septembre 2021.

« [Il y avait] un oreiller fraîchement nettoyé qui sentait l’eau de Javel dans la cuve de la laveuse », a relaté l’enquêteur Bouchard.

Un bermuda retrouvé dans la machine à laver présentait une « tache rouge », qui semblait être du sang, a témoigné un technicien. Ce témoin a présenté au jury de nombreuses photos de la scène de crime mercredi.

Les circonstances de la mort d’Andréane Ouellet demeurent toujours nébuleuses. Selon la Couronne, la femme de 32 ans est morte par des « traumatismes multiples à la tête ». Dans un appel au 911 présenté au jury mardi, Alexandre Boudreau-Chartrand raconte avoir trouvé le corps de sa conjointe en bas des escaliers. Il suppose alors qu’elle a déboulé les escaliers après avoir fait une « overdose » de médicaments.

L’enquêteur principal au dossier a relaté au jury l’ampleur des blessures de la victime au premier coup d’œil. Celle-ci avait des ecchymoses sur « pratiquement tout le corps », dont de « grosses » aux coudes et aux hanches. Ses blessures étaient particulièrement importantes au visage, selon l’enquêteur Bouchard. « Elle n’était pas reconnaissable », a-t-il résumé.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK D’ANDRÉANE OUELLET

Andréane Ouellet, retrouvée morte dans sa maison de Saint-Donat en septembre 2021

Son témoignage a permis au jury d’en apprendre davantage sur la scène de crime. Ainsi, l’enquêteur a découvert « quelques mèches de cheveux » et des « gouttelettes » près des escaliers menant vers l’extérieur. Il a aussi constaté la présence d’un peu de « frottement de sang » sur un cadrage.

Également, l’enquêteur a observé une chaise cassée sur les lieux, ainsi que des projections de sang près d’un banc d’entraînement et sur un mur. Il y avait ainsi des traces de sang à plusieurs endroits de la maison, de même que dans le véhicule. On apprend qu’Alexandre Boudreau-Chartrand aurait tenté de transporter le corps de sa conjointe dans sa voiture, avant d’abandonner le projet.

Autre observation pertinente : ce qui semblait être un tas de vomi et de pilules a été retrouvé au sol dans la résidence. Certaines pilules étaient encore entières, d’autres étaient incomplètes, « comme ramollies », a souligné Éric Bouchard. Rappelons qu’au 911, Alexandre Boudreau-Chartrand disait que sa conjointe avait pris des médicaments.

Selon la version de l’accusé au 911, Andréane Ouellet serait tombée dans les escaliers une première fois le matin. Alexandre Boudreau-Chartrand l’aurait alors ramenée dans le lit. Il serait ensuite parti sans elle à un rendez-vous pourtant très important pour le couple. Selon une personne présente à ce rendez-vous, l’accusé semblait « triste » et « émotif ». On ne peut toutefois donner plus de détails sur ce rendez-vous.

« Nous lui avons demandé où était Mme Ouellet, il a répondu que madame dormait, qu’elle était absente, qu’elle avait consommé de l’alcool durant la fin de semaine, qu’il y avait eu des conflits, qu’il avait appris qu’elle lui avait été infidèle lors de son [passage] en maison d’hébergement en juin », a témoigné mardi la femme, dont on ne peut révéler l’identité.

Les parties ont admis mardi que l’accusé et la victime « faisaient preuve de violence verbale et psychologique l’un envers l’autre, et ce, de façon continue ». Selon la théorie de la poursuite, Alexandre Boudreau-Chartrand était « contrarié » face à l’incapacité de sa conjointe de rester sobre et acceptait mal les « infidélités » de celle-ci.

Le procès se poursuit jeudi devant le juge Eric Downs. Les procureures MValérie Michaud et MCaroline Buist représentent le ministère public. L’accusé est défendu par MCatherine Ranalli et Me Élise Pinsonnault.