Une femme dans la quarantaine qui faisait partie du groupe de victimes de surdoses potentiellement liées au fentanyl, survenues dimanche au centre-ville, a perdu la vie dans un centre hospitalier.

C’est ce qu’a confirmé jeudi le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), en précisant que sa mort a officiellement été constatée mardi. Il s’agit de Sindy Wabanonik, qui venait de la communauté Anishnabe de Lac-Simon, en Abitibi-Témiscamingue. Elle était âgée de 42 ans.

Le dossier de Mme Wabanonik a été transféré au Bureau du coroner, qui mènera une enquête sur les circonstances de sa mort. À ce stade-ci, le lien entre son transport initial à l’hôpital et la surdose est déjà bien établi, mais on ne peut encore confirmer si c’est ce qui a bel et bien causé son décès.

Dimanche dernier, neuf personnes, dont sept sans-abri autochtones, ont été transportées à l’hôpital pour des surdoses potentiellement liées au fentanyl. Aux dernières nouvelles, cinq d’entre eux ont depuis reçu leur congé de l’hôpital. « La communauté est dévastée », avait indiqué la directrice générale de Projets Autochtones du Québec (PAQ), Heather Johnston. « On a des intervenants qui ont dû retourner à la maison. Tout le monde est traumatisé. »

En tout, sept résidants de l’Hôtel des Arts, un refuge d’urgence pour sans-abri autochtones situé sur la rue Saint-Dominique, dans l’arrondissement de Ville-Marie, ont dû être hospitalisés au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) pendant la journée. Trois se trouvaient dans le refuge au moment où les intervenants ont dû faire appel aux ambulanciers pour leur venir en aide.

« Le prochain Vancouver »

« C’est déchirant. On voit bien que la crise est partout », a réagi jeudi la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en réitérant que la solution passe par le fait d’offrir du logement abordable à ces communautés. Mme Plante a rappelé que son administration de besoin de 2000 nouveaux logements par année pour répondre aux besoins de la population, dont 300 « pour les personnes itinérantes avec un soutien communautaire ».

Chaque cas est différent, mais nous devons comprendre que nous ne voulons pas être le prochain Vancouver ou le prochain Toronto. Nous devons prendre soin de nos gens ici sur notre territoire.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Dans l’opposition officielle à l’hôtel de ville, le porte-parole en matière d’itinérance, Benoit Langevin, a quant à lui soutenu que « la détresse est plus visible que jamais dans la métropole et c’est contradictoire avec la ville qui ne laisse personne derrière que Montréal se targue d’être ».

« J’espère que le Sommet municipal sur l’itinérance [prévu ce vendredi à Québec] donnera une réelle impulsion à l’administration Plante pour qu’elle réponde enfin à sa promesse de dévoiler une stratégie de réduction des méfaits, qui se fait malheureusement attendre depuis des années », a persisté M. Langevin.

La Santé publique de Montréal (DRSP) poursuit de son côté son enquête déclenchée dans la foulée de cette affaire « afin de cerner les circonstances de ces surdoses et déterminer avec la communauté les interventions de sensibilisation à rehausser ».

Inquiète, la DRSP recommande notamment aux consommateurs de fréquenter les services de consommation supervisée, d’éviter de consommer seul ou « tous en même temps » dans un groupe. Il est aussi fortement suggéré d’avoir de la naloxone disponible en quantité suffisante et de diminuer la dose de drogue pour tester ses effets, surtout si la drogue provient d’une nouvelle source.

Avec Vincent Larin