(Ottawa) La voie d’arrêt d’urgence dans la rue le long de la colline du Parlement a été bloquée par des camions qui s’étaient enchaînés lors de la manifestation du « convoi de la liberté » à Ottawa l’année dernière, a déclaré le directeur des services d’urgence de la ville au tribunal, mercredi.

L’avocat de la défense de l’un des organisateurs de la manifestation a soutenu que cette déclaration ne concordait pas avec le témoignage antérieur du directeur.

Tamara Lich et Chris Barber sont jugés pour méfaits présumés et pour avoir conseillé à d’autres de commettre des méfaits, des intimidations et d’autres délits lors de la manifestation contre les mesures de santé publique liées à la COVID-19.

Kim Ayotte a déclaré que la Ville et la police avaient prévu de garder une voie ouverte aux véhicules d’urgence, mais que celle-ci avait été bloquée après la première nuit de manifestation.

L’avocat de Mme Lich, Lawrence Greenspon, a souligné que M. Ayotte avait donné une réponse différente lorsqu’on lui avait posé des questions sur les voies d’urgence l’année dernière, dans le cadre d’une enquête fédérale sur l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence.

« M. Ayotte a confirmé que les organisateurs du convoi avaient accepté de maintenir une voie d’urgence libre et ont, pour la plupart, maintenu l’accès à une telle voie pendant toute la période concernée », indique le résumé de son entretien avec les avocats de l’enquête. M. Ayotte avait confirmé le contenu de ce résumé lors de l’enquête.

M. Ayotte a témoigné mercredi que les voies d’urgence étaient pour la plupart maintenues dans le reste de la zone de manifestation et que les délais d’intervention d’urgence étaient toujours conformes aux normes établies.

En plus des gros camions stationnés, les voies de la rue Wellington étaient encombrées par des manifestants organisant une soirée dansante, et finalement une scène a été érigée à même la route, a-t-il déclaré.

« Toute activité qui nécessite l’utilisation des routes à quelque fin que ce soit nécessite un permis », a déclaré M. Ayotte à la barre des témoins, mercredi.

Me Greenspon a affirmé à M. Ayotte que les manifestants ne sont pas tenus d’obtenir un permis, car leur droit de manifester est garanti par la Charte canadienne des droits et libertés.

« Pour danser dans les rues, ce que vous avez indiqué dans votre témoignage, il faut avoir un permis ? » a demandé Me Greenspon, ce à quoi M. Ayotte a répondu par l’affirmative.

Déplacer des camions

M. Ayotte n’a eu aucun contact direct avec Mme Lich pendant la manifestation, mais il a rencontré et échangé des messages textes avec M. Barber.

Kim Ayotte était la personne principale chargée de faciliter un accord entre la Ville et les manifestants pour déplacer les camions hors des quartiers résidentiels les 14 et 15 février.

« Le but était de retirer les véhicules des zones résidentielles », a expliqué M. Ayotte.

Cela impliquait de déplacer les camions sur la rue Wellington, en face de la colline du Parlement, ou hors de la ville vers une propriété agricole qui servait de zone de transit pour des camions supplémentaires.

Un échange de messages texte déposé comme preuve au procès montre que M. Ayotte a vérifié les progrès avec M. Barber au cours de ces deux jours et a offert toute l’aide nécessaire pour écarter les barrières.

Le 15 février, M. Barber a envoyé un texto à M. Ayotte pour lui dire qu’ils avaient aidé à déplacer 40 camions la veille et qu’il était prêt à recommencer.

Les efforts se sont toutefois arrêtés peu de temps après, lorsque M. Barber a déclaré dans un message à M. Ayotte qu’il y avait eu un incident avec la police et qu’ils devraient se retirer pour le moment.

M. Ayotte a déclaré que la police d’Ottawa lui avait donné des informations très limitées sur ce qui s’était passé.

M. Ayotte a affirmé qu’il avait parcouru les quartiers à ce moment-là pour confirmer que certains des gros camions avaient quitté la zone, mais il a déclaré que des camions plus petits avaient pris leur place.

« Tout le monde essayait encore de se rapprocher du parlement. Il n’y avait pas beaucoup de mouvement en dehors de la ville », a-t-il témoigné.

Il a déclaré au tribunal qu’il avait fait trois promenades dans la zone de manifestation et qu’il avait également pu observer une partie de la manifestation se dérouler depuis la fenêtre de son bureau.

Au cours de la première semaine de la manifestation, il a déclaré avoir entendu le bruit presque constant des klaxons depuis son arrivée au bureau à 7 heures du matin jusqu’à son départ à 21 heures.

Après que le tribunal a émis une injonction interdisant de klaxonner dans le centre-ville, le bruit est devenu plus sporadique, a-t-il déclaré.

Il a également décrit au tribunal l’odeur de diesel provenant des véhicules au ralenti et a déclaré avoir parfois repéré des incendies à ciel ouvert dans les rues.

Me Greenspon a présenté au tribunal certaines des notes que M. Ayotte avait conservées pendant la manifestation du convoi. Elles ont montré que la police avait informé la Ville qu’il y avait plusieurs groupes de convois distincts et qu’elle avait prévu dès le début de diriger les véhicules des manifestants vers la rue Wellington.

« Il n’y a aucune limite de temps à la liberté. La Charte des droits ne parle pas du droit de réunion pacifique pendant une période pouvant aller jusqu’à 48 heures… C’est un droit inscrit dans la Constitution. Le droit à la jouissance de la propriété, cependant, n’existe nulle part que l’on trouve dans la Constitution canadienne », a fait valoir l’avocat.

Le contre-interrogatoire de M. Ayotte devrait se poursuivre jeudi.