Alexandre Boudreau-Chartrand s’est acharné sur sa conjointe. Un meurtre gratuit d’une violence inouïe commis par un homme jaloux. Après avoir battu à mort Andréane Ouellet, il a maquillé la scène pour faire croire à un possible suicide. Un féminicide qui va lui valoir la prison à vie.

Après trois jours de délibérations, le jury a tranché samedi matin au palais de justice de Joliette : Alexandre Boudreau-Chartrand est coupable du meurtre au second degré d’Andréane Ouellet, sa conjointe et la mère de leurs cinq enfants. La femme de 32 ans a été tuée en septembre 2021 dans leur résidence de Saint-Donat.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

Alexandre Boudreau-Chartrand

En vertu de ce verdict, Alexandre Boudreau-Chartrand sera nécessairement condamné à la prison à vie. Il restera à déterminer sa période d’inadmissibilité à une libération conditionnelle, soit entre 10 et 25 ans.

Le jury a suggéré au juge Eric Downs d’imposer une période de 13 ans. Les observations sur la peine auront lieu à la fin d’octobre.

Alexandre Boudreau-Chartrand n’a pas témoigné pour sa défense. Sa version initiale des faits, présentée au jury dans un appel 911, n’a visiblement pas suscité de doute raisonnable dans l’esprit des jurés. Le tueur avait tenté de faire croire aux ambulanciers et aux policiers qu’Andréane Ouellet était probablement morte en « déboulant les escaliers » pendant son absence. Il insistait sur le fait qu’elle avait fait une « overdose » et qu’elle avait déjà tenté de se donner la mort.

Or, la preuve était particulièrement forte : Andréane Ouellet avait subi des blessures si importantes au visage que seuls des impacts répétés et très violents avaient pu les lui infliger. Il était improbable que la femme se soit blessée aussi gravement en tombant dans les escaliers, selon le pathologiste. D’ailleurs, il n’y avait même pas de sang, ou très peu, sur les marches, contrairement au reste de la résidence.

De surcroît, Andréane Ouellet n’avait pas d’alcool et avait très peu de médicaments dans son sang au moment de sa mort, selon les experts. Des éléments qui venaient discréditer grandement le récit offert par Boudreau-Chartrand aux premiers répondants. Ceux-ci disaient d’ailleurs que le corps était déjà froid, ce qui laissait croire à une mort bien antérieure à la version de l’accusé.

Relation « toxique »

Vraisemblablement, Alexandre Boudreau-Chartrand était un homme jaloux, ayant appris que sa femme l’avait trompé. Il reprochait aussi à sa conjointe son alcoolisme. Leur couple battait ainsi de l’aile et leur relation était « toxique ». Il n’a toutefois pas été question de violence conjugale pendant le procès.

De plus, Alexandre Boudreau-Chartrand avait probablement un autre mobile pour s’en prendre à sa conjointe, mais qu’on ne peut révéler en raison d’une ordonnance de non-publication. Il a ainsi vraisemblablement tué Andréane Ouellet peu de temps avant de se rendre, sans elle, à un rendez-vous très important pour leur couple.

Pendant les plaidoiries, la défense a fait valoir que la preuve n’était pas assez forte et qu’on ignorait ce qui s’était vraiment passé. Visiblement, le jury a conclu que la preuve était au contraire convaincante, à savoir qu’Alexandre Boudreau-Chartrand avait eu l’intention de tuer sa femme ou qu’il avait eu l’intention de lui causer des blessures, sachant très bien qu’elles pourraient entraîner sa mort.

« Nous sommes très satisfaits du verdict rendu, nos premières pensées vont vers la famille de la victime. Nous souhaitons que ce verdict puisse leur permettre de tourner la page et de retrouver une certaine sérénité pour la suite des choses », a commenté MValérie Michaud, qui a fait équipe avec MCaroline Buist pour le ministère public.

L’accusé est défendu par MCatherine Ranalli et MÉlise Pinsonnault.