(Terrebonne) Un homme de 81 ans aurait tué sa femme de 79 ans à la Ressource de Lanaudière, samedi. Cette résidence pour aînés de Terrebonne, et surtout la sécurité de ses usagers, ont été durement critiquées par le Protecteur du citoyen pas plus tard qu’en mars dernier.

Ce qu’il faut savoir

Les enquêteurs soupçonnent qu’une femme de 79 ans a été étranglée par son conjoint de 81 ans à la Ressource de Lanaudière, à Terrebonne.

La victime souffrait d’alzheimer, tandis que l’homme n’habitait pas la ressource.

Le Protecteur du citoyen a relevé de sérieuses failles quant à la sécurité des usagers à la Maison l’Étincelle et à la Ressource de Lanaudière, en mars dernier. Les deux organisations partagent le même bâtiment.

Les policiers du Service de police intermunicipal de Terrebonne, Sainte-Anne-des-Plaines et Bois-des-Filion ont été appelés à la Ressource de Lanaudière, samedi à 18 h. Ils ont découvert une femme et un homme inconscients. La victime aurait été étranglée.

« Le décès de la dame de 79 ans a été constaté sur les lieux. Des soins ont été apportés à l’homme de 81 ans sur place. Il a ensuite été transporté à l’hôpital Le Gardeur. Il est dans un état stable, mais toujours inconscient », a indiqué Vincent Charbonneau, capitaine aux affaires publiques du service de police.

« Des éléments sur place nous ont amenés à considérer que l’individu de 81 ans est suspect pour le meurtre de la femme de 79 ans. Par contre, on ne peut toujours pas procéder à son arrestation étant donné son état de santé », a ajouté M. Charbonneau.

Selon nos informations, la femme et l’homme formaient un couple. Seule la victime, qui était atteinte d’alzheimer, habitait la ressource intermédiaire.

La Maison l’Étincelle et la Ressource de Lanaudière partagent le même bâtiment tout neuf de cinq étages, situé à l’intersection des autoroutes 40 et 640. La RI-RPA a ouvert ses portes en 2021 et compte 144 chambres, principalement pour une clientèle souffrant de troubles neurodégénératifs.

Or, l’établissement s’est retrouvé dans les médias, au printemps dernier, à la suite de la publication d’un rapport accablant du Protecteur du citoyen.

« Une quantité d’évènements préoccupants ont été portés à notre attention en cours d’enquête. Certains de ces évènements ont causé des préjudices à des résidents », note le document publié en mars.

Des membres du personnel de la Maison l’Étincelle et de la Ressource de Lanaudière ont notamment été « surpris à s’assoupir, somnoler ou dormir durant leur quart de travail », note le Protecteur du citoyen. Une usagère a également fait une chute pendant la nuit et est « restée le pied coincé dans un élément de son mobilier sans que le personnel en ait connaissance ». La femme a été trouvée dans sa fâcheuse position le lendemain matin. Le personnel démontre également une méconnaissance lors de l’administration de médicaments et de soins invasifs.

Le Protecteur du citoyen a ouvert une enquête à la suite d’un signalement alléguant la présence de lacunes quant à la sécurité des usagers et des usagères.

« On n’est pas satisfaits de la sécurité »

Dans le stationnement de la RI-RPA de Terrebonne lundi, des proches aidants étaient consternés d’apprendre le possible meurtre d’une femme du troisième étage.

Manon Rehel, dont la mère habite le premier étage depuis le mois de janvier, s’est dite sous le choc avant de se raviser. « La RPA manque beaucoup de personnel. On n’est pas satisfaits de la sécurité ici », a-t-elle dit aux médias qui lui ont appris la nouvelle.

Mme Rehel rapporte que certaines portes ne sont pas magnétisées et permettent aux résidants de sortir de leur unité et même à l’extérieur. Cette lacune a aussi été rapportée par le Protecteur du citoyen dans son rapport du printemps.

La femme déplore que sa mère ne soit pas mieux surveillée, surtout qu’elle souffre d’alzheimer et de démence. Elle risque quotidiennement de s’étouffer avec sa propre salive.

Une autre femme, qui préfère garder l’anonymat, affirme que le troisième étage est réservé aux personnes ayant des « comportements atypiques ». « Les policiers se rendent régulièrement sur les lieux. On se saute à la gorge, on se lance des marchettes et des bouteilles d’eau, on se traite de tous les noms », raconte la femme dont le père a finalement obtenu une place en CHSLD, au grand soulagement de sa famille.

Sylvana Rizzi confirme aussi que des policiers sont souvent appelés à la résidence pour contenir des usagers. Des agents de sécurité sont également embauchés pour surveiller des personnes agressives ou colériques, dit-elle.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Sylvana Rizzi

« C’est mon frère qui est venu visiter ma mère dimanche. Il était sûr qu’il s’était passé quelque chose de grave. Ça brassait. Il y avait plus de la police que d’habitude », a-t-elle dit, un coussin avec un imprimé « maman » et un cœur dans les mains.

Le CISSS de Lanaudière n’a pas répondu à nos questions. « Des mesures de soutien ont été rapidement déployées par les équipes du CISSS de Lanaudière, en collaboration avec les dirigeants de la ressource d’hébergement. Les mesures sont toujours en place. Considérant qu’une enquête policière est en cours actuellement, nous ne commenterons pas davantage et assurons notre collaboration à l’enquête », s’est contentée d’écrire Valérie Lambert, agente d’information, dans un courriel.

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    Nombre des victimes de 70 ans et plus d’infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal en 2021, sur un total de 14.