(Ottawa) Huit résidents d’Ottawa seront autorisés à témoigner au procès criminel de deux organisateurs du « convoi de la liberté », a statué la juge qui préside le procès, mercredi.

Tamara Lich et Chris Barber font face à des accusations liées à leur rôle dans l’organisation de la manifestation qui a amené des milliers de gros camions à Ottawa, où les manifestants sont restés pendant trois semaines.

L’avocat de Mme Lich, Lawrence Greenspon, a demandé à la juge de ne pas laisser les résidents témoigner, arguant que leur témoignage ne serait pas pertinent.

Mme Lich et M. Barber ont déjà déposé au tribunal des aveux signés où ils reconnaissent que les gestes de certains individus qui ont participé à la manifestation avaient interféré avec les transports en commun ainsi qu’avec l’emploi ou la jouissance légitime de propriétés et de commerces.

La juge Heather Perkins-McVey affirme que la défense ne peut pas forcer la Couronne à accepter les aveux, et permettra aux témoins d’être entendus.

Interdire aux habitants de témoigner « causerait un préjudice injuste ou irréparable » au pouvoir discrétionnaire de la Couronne de présenter des preuves comme bon lui semble, a déclaré Mme Perkins-McVey au tribunal, dans sa décision mercredi.

La Couronne prévoit appeler cinq résidents d’Ottawa comme témoins dans cette affaire, pour décrire ce qu’ils ont vu et vécu pendant la manifestation du « convoi ». Parmi eux on compte Zexi Li, qui est la principale demandeuse dans une action collective contre les organisateurs au nom des personnes qui vivent et travaillent au centre-ville d’Ottawa.

Les trois autres résidents inscrits sur la liste des témoins de la Couronne sont le propriétaire d’une boutique de vêtements pour femmes, un employé du Centre national des Arts et l’opérateur du transport en commun.

La juge Perkins-McVey a affirmé qu’elle veillerait à ce que les témoignages entendus par le tribunal soient pertinents par rapport aux accusations portées contre Mme Lich et M. Barber, plutôt que de s’apparenter à des déclarations de victimes sur la façon dont la manifestation a affecté personnellement les témoins.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Chris Barber

Les procureurs souhaitent que des témoins locaux racontent au tribunal comment les perturbations provoquées par la manifestation et l’intimidation de la part des manifestants se sont manifestées dans les rues.

Paul Champ, l’avocat de Mme Li, a indiqué que sa cliente aurait préféré ne pas témoigner dans cette affaire. Il a toutefois dit à la Couronne qu’elle ferait son devoir civique si elle était appelée à la barre.

« C’est malheureux que la Couronne l’appelle. Il y a beaucoup d’autres personnes qu’elle pourrait appeler », a soutenu M. Champ lors d’une entrevue, mercredi.

Mme Li est devenue le visage des résidents d’Ottawa qui se sentaient affectés négativement par le « convoi de la liberté » lorsqu’elle s’est adressée au tribunal pour demander une injonction contre les klaxons pendant la manifestation, a déclaré M. Champ. Elle a également témoigné de l’expérience des résidents d’Ottawa lors d’une enquête fédérale sur la décision du gouvernement libéral d’invoquer la Loi sur les mesures d’urgence pendant la manifestation.

Mme Li a depuis été victime de harcèlement et d’abus, a affirmé M. Champ.

Mme Lich et M. Barber sont accusés de méfaits et d’avoir conseillé à d’autres personnes de commettre des méfaits et de faire de l’intimidation, entre autres.

Les 13 premiers jours du procès se sont déroulés en septembre. Les procédures ont repris mercredi, après une pause de deux semaines et demie. Il n’y a toujours aucune indication sur la durée prévue du procès.

Mercredi après-midi, le tribunal devait revenir sur le témoignage du premier témoin du procès : le sergent Craig Barlow, de l’unité de cybercriminalité de la police d’Ottawa.

Il a compilé une vidéo présentant des images de la manifestation du point de vue de la police, à l’aide de caméras corporelles et de drones, ainsi que d’autres images.

Son témoignage a été interrompu pendant le contre-interrogatoire lorsqu’il est devenu clair qu’il avait apporté des vidéos qui n’étaient pas incluses dans sa compilation ou divulguées à l’avance à la défense.

Il a indiqué au tribunal, en septembre, qu’il avait regardé « des mois » d’images de la manifestation du convoi enregistrées par la police, les manifestants et les médias, depuis mars 2022.

Le contre-interrogatoire devait se poursuivre mercredi après-midi.