Gaetan Bradette, un proche de Steven Bertrand et du défunt chef guerrier des Hells Angels Maurice Boucher, condamné à 45 mois d’emprisonnement pour trafic de drogues, dit regretter d’avoir entraîné ses fils dans le crime.

Bradette, 62 ans, responsable d’un commerce de location de véhicules, est considéré par la police comme un acteur important de la vente de stupéfiants dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal depuis des décennies.

À la suite du meurtre d’un homme de 38 ans, Bardia Gorji, en 2020, les enquêteurs des Crimes majeurs, aidés de leurs collègues de la Division du crime organisé (DCO) du SPVM, ont déclenché une importante enquête baptisée Maculé visant l’un des fils de Bradette, Tommy, et d’autres individus.

Mais l’écoute électronique a aussi mené les enquêteurs vers Gaetan Bradette, et son autre fils, Francis, qui étaient impliqués dans des activités de trafic de cocaïne.

Tommy Bradette a été condamné à 16 ans de pénitencier pour l’homicide involontaire de Bardia Gorji et Francis a plaidé coupable à des chefs de complot et de trafic de stupéfiants, et recevra sa peine ultérieurement.

Devant les commissaires aux libérations conditionnelles mardi, Gaetan Bradette, qui demandait sa libération conditionnelle totale ou sa semi-liberté (en maison de transition), a évoqué sa situation familiale.

« [...] L’implication de vos proches, notamment celle de vos fils, a eu d’importantes répercussions sur votre famille, contribuant à fragiliser plusieurs personnes, [...] qui n’ont rien à voir avec votre criminalité. Plus encore, vous avez insisté sur le fait que l’un de vos fils a été récemment condamné à une lourde peine d’emprisonnement. Par conséquent, vous considérez avoir commis une erreur considérable en impliquant vos proches, ce que vous dites aujourd’hui être fort dissuasif alors que vous vous sentez responsable de la situation », écrivent notamment les commissaires dans une décision de 12 pages.

Une vie « parfaite »

Alors qu’au début de son incarcération, Gaetan Bradette qualifiait ses crimes « d’erreurs » et sa vie avant son arrestation de « perfection », il a ensuite réalisé des progrès significatifs au pénitencier disent les commissaires, qui ont accepté de l’envoyer en maison de transition, mais ont refusé de lui accorder sa libération conditionnelle totale.

« Il ne fait aucun doute que votre criminalité est caractérisée par un niveau d’organisation très structuré. La structure de l’organisation, le mode opératoire, votre réseau de contacts avec des membres influents du crime organisé sont autant d’éléments qui démontrent le fort ancrage de vos valeurs délinquantes et l’envergure de celle-ci. Les délits vous ayant valu la peine actuelle revêtent l’ensemble de ces caractéristiques, alors que vous étiez considéré comme étant à la tête du réseau criminel pour lequel vous œuvriez », écrivent encore les commissaires.

Ceux-ci lui imposent de sévères conditions, pour la durée de sa semi-liberté, mais aussi en prévision de sa libération d’office (aux deux tiers de sa peine) à venir.

Ainsi, Bradette ne pourra ni être travailleur autonome ni exploiter une entreprise, ne pourra fréquenter toute personne dont il sait qu’elle est impliquée dans des activités ou une organisation criminelle, ne pourra posséder plus d’un téléphone cellulaire et d’une carte SIM, devra divulguer toutes les communications, échanges et recherches effectués avec son appareil, devra divulguer toutes ses transactions financières et devra déclarer toutes relations avec une femme.

Durant l’enquête Maculé, les policiers ont intercepté plus de 82 000 communications (appels et messages texte), effectué 162 surveillances physiques, exécuté 220 autorisations judiciaires, effectué plusieurs scénarios d’infiltration avec des agents doubles et saisi quatre kilogrammes de cocaïne et 250 000 $.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.