(Ottawa) Le sanctuaire de l’église presbytérienne St. Andrew’s, au centre-ville d’Ottawa, a été « brutalement altéré » pendant le « convoi de la liberté », a déclaré jeudi l’administratrice de l’église, lors du procès criminel de deux organisateurs de la manifestation.

Vivian Leir a raconté au tribunal qu’elle avait été submergée par les camions entourant l’église, lorsque des poids lourds et d’autres véhicules sont arrivés à Ottawa pour manifester contre les mesures de santé publique reliées à la COVID-19, l’année dernière.

Elle a affirmé que l’église, habituellement calme et sereine, située en bas de la rue de la colline du Parlement, était infiltrée par le son des klaxons, des vapeurs de carburant et la musique de Led Zeppelin, qui jouait fort à l’extérieur.

« Ils la salissaient », a dit Mme Leir, à propos de l’église construite en 1874.

Elle est l’un des cinq résidents d’Ottawa qui devraient témoigner dans le procès criminel des organisateurs de la manifestation, Tamara Lich et Chris Barber, qui font face à des accusations de méfait et d’avoir conseillé à d’autres personnes de commettre des méfaits et de l’intimidation, pour leur rôle dans l’imposante manifestation.

PHOTO PATRICK DOYLE, LA PRESSE CANADIENNE

Tamara Lich

Mme Leir a qualifié la manifestation d’occupation.

« Notre espace a-t-il été envahi et pris ? Oui, a-t-elle répondu lorsque la défense l’a questionnée. Je pense que c’était une occupation. »

Mme Leir a haussé la voix devant le tribunal en décrivant les manifestants uriner sur le terrain de l’église, mettre des vêtements sur une statue de Jésus et couvrir les pancartes de l’église avec des pancartes de manifestation. L’une des pancartes laissées sur la propriété de l’église comprenait un juron adressé au premier ministre Justin Trudeau.

Elle a déclaré avoir été injuriée lorsqu’elle s’est opposée à des manifestants qui urinaient ou jouaient de la musique forte à l’extérieur de l’église.

Mme Leir a indiqué qu’elle avait organisé une escorte policière pour que le pasteur de l’église puisse offrir les services religieux, même si peu de personnes étaient présentes. Les répétitions de la chorale et d’autres réunions ont été annulées, des livraisons ont été manquées, et l’église a dû rembourser des groupes qui avaient loué un espace dans le bâtiment.

Les manifestants sont restés campés dans les rues d’Ottawa pendant trois semaines, déclenchant l’état d’urgence aux niveaux local, provincial et national.

Un bruit « incessant »

Le bruit des klaxons était « incessant » et « intolérable », a pour sa part déclaré au tribunal une autre résidente, Sarah Gawman.

Elle dit qu’elle vivait dans un immeuble d’appartements construit en hauteur au centre-ville d’Ottawa lorsque la manifestation a commencé l’année dernière, et que des camions et d’autres véhicules faisaient la queue dans son quartier à perte de vue.

Elle a affirmé au tribunal que même avec les fenêtres fermées, elle avait entendu des tambours, des klaxons, des moteurs en marche et des feux d’artifice jusqu’au petit matin.

« Je n’arrivais pas à dormir. Je n’arrivais pas à m’asseoir dans ma chambre », a-t-elle raconté.

On lui avait ordonné de travailler de la maison, et elle a dit qu’elle n’avait pas pu se rendre à un rendez-vous médical parce que la compagnie de taxi qu’elle avait appelée avait refusé de venir la chercher.

« Les autobus ont été déviés, ce n’était donc pas une possibilité, a-t-elle précisé. C’est trop loin pour que je puisse marcher. »

Le témoignage de Mme Gawman a été ponctué par des objections de la défense, son témoignage s’éloignant de ses observations pendant le convoi à la manière dont la manifestation l’a affectée personnellement.

« C’est bon, je porte mes chaussures de course », a plaisanté Mme Gawman lors de son troisième voyage depuis la barre des témoins jusqu’au couloir, alors que les avocats se levaient pour discuter de son témoignage.

La Couronne entend appeler cinq résidents dans le cadre de sa cause, ainsi qu’un employé du Centre national des Arts et un employé d’OC Transpo, l’opérateur local du transport en commun.

La Couronne dit qu’elle prévoit interroger les témoins sur les troubles qu’ils ont observés pendant les manifestations, dans le but de relier les perturbations à Mme Lich et M. Barber.

L’un des témoins attendus est Zexi Li, la principale demanderesse dans une action collective demandée contre les organisateurs de la manifestation au nom des personnes qui vivent et travaillent au centre-ville d’Ottawa.

Mme Gawman a dit au tribunal qu’elle était également plaignante dans l’action collective, et Mme Leir a indiqué qu’elle s’était inscrite au nom de l’église.

En contre-interrogatoire, elle a déclaré qu’elle était physiquement capable de marcher dans les rues si elle le souhaitait et qu’elle était physiquement capable de se rendre à son bureau.

L’avocate de M. Barber, Diane Magas, a suggéré qu’elle avait peut-être exagéré en ce qui concerne la fréquence à laquelle les klaxons faisaient du bruit, car il existe plusieurs vidéos du convoi qui n’inclut aucun son de klaxon.

Mme Magas a demandé si Mme Gawman avait vu des gens joviaux portant des drapeaux canadiens. « Certains l’étaient, d’autres non », a répondu cette dernière.