L’ex-leader antimasque Mario Roy a été « brisé » par son séjour derrière les barreaux. Il a été « extrêmement » chamboulé par une fouille à nu menée par trois femmes. Le traitement approprié ? Ne pas l’envoyer en prison. C’est du moins ce que recommande le psychiatre controversé Pierre Mailloux.

Le « Doc » Mailloux a témoigné avec sa verve bien connue vendredi au palais de justice de Montréal dans le cadre des observations sur la peine à imposer à Mario Roy. L’ancien membre du groupe anti-mesures sanitaires Les Farfadaas risque six mois de prison ferme pour avoir bloqué le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine avec ses complices pendant la pandémie.

Dans l’espoir d’éviter la prison, Mario Roy a appelé à la barre le psychiatre Pierre Mailloux comme témoin expert. Questionné par le juge sur ses antécédents déontologiques, le psychiatre a rappelé avoir été « radié sept fois », mais n’avoir aucune limitation de pratique pour les « êtres humains » de plus de 13 ans, y compris les « vieillards ».

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

L’ex-leader antimasque Mario Roy, au palais de justice de Montréal, en juin dernier

Mario Roy a vécu un « traumatisme psychologique » lorsqu’il a été détenu pendant 121 jours dans un autre dossier, selon le « Doc » Mailloux.

« Il a vécu un désespoir profond lors de cette incarcération. À sa sortie de prison, il n’était plus le même. Cette incarcération l’a brisé psychologiquement, l’a cassé, l’a démoli. Aucun traitement autre que d’éviter toute incarcération pour des raisons médicales et favoriser son havre de paix », conclut le psychiatre.

Le DMailloux a insisté sur les effets qu’a eus sur Mario Roy une fouille à nu subie en « présence de trois femmes ». « Ça l’a chamboulé de façon extrêmement profonde », affirme le psychiatre.

L’homme « frondeur, haut en verve, batailleur » que Pierre Mailloux a connu n’existe plus. Dans les années 2010, Mario Roy « gesticulait » en salle d’audience et parlait « plus fort ». « Il était tannant. On appelle ça un changement de personnalité », analyse l’expert. Une remarque qui a fait sourciller le juge Jean-Jacques Gagné. « Moins tannant ? »

« C’est ça, votre réponse ? »

Le ministère public réclame une peine de six mois de prison ferme afin de lancer un message à la population sur l’utilisation des réseaux sociaux à mauvais escient.

« Quand on commet un coup d’éclat, il y a des répercussions à nos gestes. Utiliser une situation criminelle et en faire la publicité sur les réseaux sociaux, c’est aggravant », a plaidé le procureur de la Couronne, MMartin Bourgeois.

« Vous me dites que si je ne l’envoie pas en prison ferme, le message ne passera pas ? Ni pour lui ni pour les autres ? », s’est questionné le juge Gagné.

Mario Roy, qui se défend seul, réclame pour sa part un sursis de peine – comme ses coaccusés. Du bout des lèvres, il a admis avoir certains remords par rapport à ses gestes. Il dit avoir « perdu toute joie de vivre » en prison et maintient avoir été détenu pour de « faux prétextes ». Il affirme avoir eu le « respect des détenus » en prison, puisqu’il était là pour les « bonnes raisons ».

Très patient, le juge Gagné a souvent recadré Mario Roy, alors qu’il dérivait sur des enjeux non pertinents. « Avez-vous peur de la prison ? », a insisté le magistrat. « J’ai peur de ce que je peux devenir en sortant », a répondu Mario Roy, ajoutant craindre les gardiens, et non les détenus.

« C’est ça, votre réponse ? », a soufflé le juge, perplexe.

Le magistrat a ensuite demandé à Mario Roy si c’était la dernière fois qu’on le voyait impliqué dans une affaire criminelle.

« C’est sûr et certain. Je me retire dans le bois. C’est mon plan. J’ai voulu aider la population et aider le Barreau du Québec à faire du nettoyage », a répondu Mario Roy.

« Vous n’avez aidé personne, vous avez bloqué le pont-tunnel », a répliqué le juge.

Transparent, le juge a indiqué envisager sérieusement une peine de six mois de détention. Une question demeure : doit-elle être purgée à la maison ou en prison ? La réponse fin novembre.